Sujet: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... Mer 4 Jan - 21:37
Qui sait ce qui se cache dans les profondeurs de la nuit ? Enfants, nous craignions les croquemitaines, les loups-garous et le serpent géant qui se cache dans les toilettes. Puis, ce furent les pédophiles au rire grinçant, les automobilistes phares éteints et le chien que ce connard de voisin a encore oublié d'enfermer pour la nuit. Pour finir avec les dealers, les fêtards bourrés et les témoins de Jéhovah. Tous ceux-là nous ont tellement effrayés que nous n'osions jamais mettre un pied dehors après les derniers rayons de soleil, transformant notre bravoure et notre impétuosité en ponctualité de Cendrillon effarouchée. Pourtant, ils n'étaient pas les plus à craindre. Si l'on cherche bien, quelque part dans ces ténèbres angoissantes, on peut déceler une multitude de cauchemars que vous n'oseriez même pas raconter au psychanalyste le plus aguerri. En réalité, la nuit nous rend bien service ; elle nous épargne la vue de noirceurs que nous ne pourrions supporter. Lorsque vous êtes dans votre lit, bien à l'abri, vous ne soupçonnez pas qu'il y a tant de choses néfastes qui rôdent au dehors. Les voyez-vous, ces navires qui s'approchent lentement du rivage ? L'entendez-vous, le glissement feutré de leurs coques de bois sur l'eau ? La sentez-vous, cette odeur de poix qui flotte autour des tonneaux entassés à l'arrière ? Vous ne vous doutez de rien, pauvres innocents que vous êtes...
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Joe SmökE, en revanche, voyait les navires, entendait le glissement, sentait la poix. Cela pour la bonne raison que, sans trop savoir comment, il se retrouvait au beau milieu de cette flotte fantomatique qui s'approchait du rivage de Luvneel. Le bateau que Troy avait volé à Centaurea contenait, pour le plus grand bonheur de Joe, toute une cargaison de cigares ; ainsi, il renouait avec les plaisirs de la fumée, découvrant au passage la joie de la voir se répandre en se faufilant entre ses côtes. L'embarcation dérivait tranquillement, le cap vaguement maintenu par un Troy somnolent à la barre, pendant que Lion, endormi à même le pont, marmonnait quelque chose du genre "Elle ressemble trait pour trait à...". Distrait, le capitaine n'avait pas tout de suite remarqué qu'une grosse masse noire grandissait devant eux, signe qu'ils approchaient d'une île. Lorsqu'il s'en rendit compte, il se leva, prêt à secouer Troy pour qu'il redirige le cap et leur évite de se fracasser comme des abrutis sur la côte... quand les autres navires firent leur apparition. En réalité, ils étaient déjà derrière eux depuis longtemps, mais leurs occupants avaient une expérience de la navigation nocturne tellement accomplie qu'ils étaient capables de se diriger sans aucune lumière ni aucun bruit. Joe s'alluma un autre cigare qu'il carra entre ses dents, à côté de l'autre, puis chargea son pistolet et le pointa tranquillement en direction de l'une des ombres qui glissaient à côté de leur bateau. A en juger par la discrétion avec laquelle ils voguaient en direction du rivage, il n'y avait pas besoin d'être bien malin pour deviner que ces gars-là avaient quelque chose à se reprocher. Néanmoins, ne souhaitant pas se faire d'ennemis dont il ne connaissait ni le nombre, ni les capacités, il se contenta d'un sobre :
- Qui va là ? - On te veut pas de mal, gars. Contente-toi d'éteindre ces lumières et de passer ton chemin. On tient pas tellement à se faire remarquer. - Je pourrais être un honnête citoyen soucieux de vous empêcher de faire un mauvais coup... - Tu sais que ça fait une cible merveilleuse pour une vingtaine d'arcs, tes deux cigares ?
Joe ne songea pas à demander la preuve que cette vingtaine d'arcs était effectivement braquée sur lui. Pour seule réponse, il écrasa ses deux cigares sur le plat-bord, éteignant la seule source de lumière de cette étrange flotte nocturne. D'après ce qu'il pouvait voir dans l'obscurité, les bateaux qui l'entouraient étaient plutôt longs, munis d'une seule voile carrée et d'une tête de proue dressée qu'il n'arrivait pas à identifier. La flotte était plutôt réduite, ne comportant que cinq ou six navires, mais Joe aurait été prêt à parier que les hommes à leur bord n'étaient pas à prendre à la légère. Les embarcations, que le capitaine identifia finalement comme des drakkars, passèrent à gauche et à droite de la sienne, toujours sans un bruit. Le squelette, de son vivant, avait toujours été du genre à mettre son nez là où il n'aurait pas dû ; même maintenant qu'il était mort et qu'il n'avait plus de nez, ce trait de caractère n'avait toujours pas disparu. Aussi ne réveilla-t-il pas Troy pour rectifier le cap, désireux d'en savoir un peu plus sur ces curieux navigateurs qui semblaient sur le point d'effectuer une attaque surprise sur l'île devant eux. Comme il s'y attendait, ils ne débarquèrent pas dans un port mais sur une plage, près d'une haute silhouette qui se découpait dans un noir plus profond encore que celui de la nuit environnante. Joe supposa qu'il s'agissait d'un grand bâtiment, peut-être un château. La probabilité d'une vitesse de courtoisie fondait aussi vite qu'un morceau de beurre plongé en plein cœur d'un volcan. Et le débarquement de guerriers munis de casques, d'armes diverses, de torches prêtes à l'emploi et charriant des tonneaux de poix ne fit rien pour apporter plus de crédit à cette hypothèse. Avant que le pirate n'ait eu le temps de se demander si c'était finalement une bonne idée de suivre ces hommes, les flèches enflammées et les torches retombaient déjà sur le château, et le jardin qui l'entourait commençait à flamber gaiement. Peu de temps après, une cloche d'alarme se mit à sonner, et comme galvanisés par ce signal, les guerriers poussèrent un cri formidable et se précipitèrent vers leur cible épées et haches levées. En quelques minutes à peine, il ne restait plus sur la plage que les drakkars et quelques hommes pour les surveiller. La petite embarcation de Joe et ses acolytes finit par s'échouer à son tour sur le sable, et cette fois-ci le squelette entendit clairement les arcs se tendre dans une intention parfaitement hostile à son égard. Il n'en alluma pas moins deux autres cigares qu'il commença à fumer avec délice, puis jeta négligemment son briquet par-dessus son épaule et bondit sur le sable pour y faire quelques pas en direction des bateaux.
- On t'a déjà dit de pas te mettre dans nos pattes. Dégage de là. - Et moi je vous ai déjà dit que je n'étais qu'un honnête citoyen. Quel mal y a-t-il à faire une petite promenade de santé sur fond de brasier ? - Un sacré beau brasier qu'on va t'offrir, gars... quand on brûlera tes restes après la salve de flèches que tu vas te prendre dans la gueule ! - Pas la peine chers amis, j'ai déjà mon feu de joie personnel... Vous voulez que je vous le montre ? - A quoi tu joues ? - Ne soyez pas si tendus, enfin, j'avais cru comprendre que vous aimiez les feux... - Bon, on arrête les conneries, c'est juste un cinglé ! Tirez !
Les doigts lâchèrent, les cordes vrombirent, les flèches fusèrent. Le manteau pourpre tomba à terre, traversé par plusieurs traits emmanchés d'acier... et vide. Joe avait mis à profit son extrême légèreté pour sauter en arrière en direction du bateau, qui commençait à s'envelopper d'un épais nuage de fumée. Le briquet qu'il avait jeté derrière lui, bloqué par un bout de cigare pour rester allumé, avait enflammé les réserves de tabac qui se consumaient en un colossal panache. Le capitaine ne prit que le temps de secouer ses deux subordonnés comme des pruniers pour les réveiller, avant d'emporter deux boîtes complètes de cigares et de s'esquiver bien caché dans la fumée. Il entendait les flèches siffler au hasard autour de lui, sans jamais en devenir vraiment menaçantes. Le vent poussait le panache gris vers l'intérieur de la plage, aussi le squelette le suivit-il docilement, en prenant soin au passage de ramasser son manteau qui gisait à terre. Les guerriers, soucieux d'économiser leurs munitions, finirent par se rapprocher de cette brouillasse épaisse, dans l'espoir d'y trouver l'homme qui leur tenait tête. Ils n'y trouvèrent qu'une voix grinçante...
- Si je tire un sept de pique... Je m'invite à cette petite fête et j'y ramasse tout ce que je peux, khrrréhéhéhéhéhé !
Puis les flammes atteignirent les réserves d'alcool et de poudre personnelles de Troy à l'arrière du bateau. L'explosion projeta une éclatante gerbe de flammes qui détourna quelques secondes l'attention des guerriers ; c'était amplement suffisant pour que les trois pirates prennent la tangente sans coup férir. C'est seulement le lendemain matin que la troupe d'envahisseurs remarquerait le sept de pique posé bien en évidence sur un galet de la plage...
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Visiblement, les pillieurs, kidnappeurs, soldats commando ou quels qu'ils soient, avaient voulu faire les choses correctement. Le jardin qu'ils traversèrent pour arriver aux portes de la grande demeure était ravagé par les traces d'un affrontement féroce. Les flammes s'élevaient encore en grondant, de part et d'autre du chemin de gravier qu'ils empruntaient. Les statues qui naguère se dressaient fièrement le long de l'allée, étaient maintenant détruites ou à terre. Des gardes baignaient dans leur sang, remuant faiblement à terre pour les plus chanceux. De lourdes bottes avaient marqué la terre en la piétinant avec violence. Et la grande porte à double battant qui permettait d'entrer dans le manoir était à moitié détruite.
A moitié détruite. Joe poussa un soupir et secoua la tête. L'une des statues de pierre délogées de leur piédestal reposait à ses pieds. Il se baissa avec un nouveau soupir, la saisit, et dans un concert de craquements la hissa à bout de bras. La posant presque négligemment sur son épaule, comme si son poids était minime, il tira sur ses deux cigares et ricana doucement...
- Khrrréhéhéhé... Que ferait un pirate...
Ses doigts squelettiques se resserrèrent sur la statue. Ses articulations craquèrent à nouveau lorsqu'il la leva dans les airs. Les flammes dansaient à un rythme endiablé, et leur éclat chatoyait sur la pierre froide en même temps que les ombres qui couraient sur les reliefs. La tête grave et solennelle du vieux moustachu sculpté dans le granit monta dans l'air suffoquant de cette nuit de carnage. Puis, arrivée à son apogée, elle s'immobilisa. Le temps semblait s'être arrêté, en attente du moment où tout basculerait. Et Joe SmökE se fit un plaisir de lui donner ce qu'il voulait. La statue s'abattit comme la foudre, redoutable et inévitable, sur la demi-porte qui avait eu l'audace de se trouver sur son chemin.
BAM
- ... D'UNE PORTE A MOITIÉ FERMÉE ?!
Le bois craqua, puis partit en charpie après avoir tenté, dans un espoir dérisoire, de résister à la puissance du choc. Tout ce qui restait du deuxième battant de la porte venait de se déchirer complètement, et même l'un des gonds massifs en métal s'était plié sous l'impact. Un nuage de poussière s'éleva lorsque la statue, déjà bien abîmée, se fracassa en tombant à terre. La tête se détacha et roula jusqu'à l'intérieur de la salle... pour arriver aux pieds d'un homme qui s'y tenait debout. Comme par une facétie du Destin, cet homme avait exactement le même visage que celui, sculpté, qu'il venait de ramasser. Il soupira et s'adressa aux trois silhouettes qu'il pouvait discerner dans le panache poussiéreux qui se dissipait peu à peu :
- Eh bien, en voilà une manière de se comporter avec ma statue... Alors, vous trois, à qui ai-je l'honneur cette fois ? - Eh bien, c'est vrai que nous n'y avons pas encore réfléchi... Mais vous pouvez nous appeler les BAM's. Parce qu'on compte bien frapper un grand coup partout où on ira, khrrréhéhéhéhé... - Buhuhuhuhu, enchanté, les BAM's... Moi c'est Clauster MacBeasty, Capitaine de la garde privée du Baron Schmickeldräff. Et voyez-vous, il m'a fallu de nombreuses années de bons et loyaux services pour obtenir ma propre statue dans l'allée, alors comprenez, ça me met légèrement en pétard que vous vous en serviez pour défoncer la porte. N'y voyez donc aucune malice, mais je vais devoir vous déboîter la mouille.
Les BAM's venaient de faire une rencontre des plus pittoresques...
"Et le premier qui fait une remarque sur ma taille j'lui offre un supplément lattage de couilles !"
Dernière édition par Joe SmökE le Ven 6 Jan - 11:39, édité 1 fois
Sujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... Jeu 5 Jan - 16:33
GUARDIANS
Parce qu'ils sont encore moins sympathiques qu'ils en ont l'air.
Clauster MacBeasty était un homme d'une simplicité remarquable. Une forme olympique, un esprit dont il évitait de se servir, jamais un pet de travers en plus de soixante ans d'existence n'avait remis en cause sa philosophie. Une philosophie qu'il écrivait jusque sur les socles de statues à son effigie (et elles étaient plus nombreuses que vous ne semblez le penser). "Vivre simplement pour mourir dignement". En entrant dans l'immense demeure, Lion n'avait de cesse de regarder ses pieds d'un air vivement intéressé ; il se demandait depuis quelques heures déjà lequel il sacrifierait si besoin était. Ce fut par hasard, alors qu'il éparpillait un peu plus le bordel, qu'il lut le leitmotiv du vieux sur les restes de la statuette. Aucune réaction. Pas un battement de cils. Le silence religieux et l'atmosphère s'électrisant le laissaient penser qu'il était la cible d'un regard véhément. Joe aurait eu l'odeur en plus, et Troy n'avait -heureusement- pas l'alcool mauvais ; il ne restait donc plus que le capitaine de la garde. Lion, sans détacher les yeux de la maxime, fit courir discrètement sa langue sur ses lèvres ; puis il fit ce que tout autre génie antipathique aurait fait à sa place. Le plus bruyamment, lentement et perfidement possible ; il sourit d'un air moqueur. Avant de lancer son fameux rire goguenard qui accompagnait parfaitement ses foulages de gueule intempestifs. Mais il n'eut pas le temps de dépasser le deuxième "ha" qu'un être particulièrement étrange déboucha d'on ne sait où, et à une vitesse faramineuse il encastra son poing ou ce qui s'en approchait chez cette chose dans l'abdomen du Lion. C'est volant vers le jardin que notre héros se dit qu'il avait peut être bien manqué de respect au sexagénaire.
Le forban se retrouvait étalé dans l'herbe, au milieu des flammes dansantes et des blessés gisants, il ne bougeait mais se posait tout un tas de questions. L'une d'elle par exemple concernait la nature de ce qui l'avait envoyé balader comme un rien. D'autant plus qu'en frappant le bonhomme elle avait rencontré son violon, et au bruit que cela avait fait on pouvait s'interroger sur la qualité des muscles de la personne. Ou bien sur celle du violon. Si lion n'oser se lever, c'était tout d'abord parce qu'il avait peur de constater l'état de son instrument fétiche ; et sentir les différents morceaux sur son torse s'éloignaient les uns des autres n'aidait pas à le rassurer. Après des grimaces d'appréhension, des élaborations de plans tordus qui permettraient la réparation du violon ; il se décida enfin à repartir, quand il entendit...
"Toi aussi... *Keurf* tu as oublié de t'essuyer les pieds ? *Keurf* C'est qu'elle rigole pas la Margaret..."
On ne savait ce que l'homme dans la marre de sang tentait de faire, sourire ou bien parler ; toujours est-il que le seul vrai résultat qu'il obtenait était de perdre encore plus de sang. Lion pencha la tête en sa direction, l'examina, puis la releva de nouveau vers le ciel. Pas une étoile ne perçait la brume ce soir.
"T'aurais pas une clope par hasard 'gars ? -C'est ma dernière... -Arf. *Keurf* Tant pis. *Keurf* Je crois que de toute façon, j'aurais pas pu l'apprécier cette nuit. *Keurf* C'est qu'il m'arrive pas...*Keurf* *Keurf*...pas mal d'emmerdes tu vois..."
Lion attendit quelques secondes sans bruits. Puis il se redressa doucement, décomposant chaque mouvement pour ne pas se froisser de muscles, et sortit les restes de son violon de sous sa chemise. Au moins on pouvait encore le tenir par un seul bout... Il fit quelques pas pour rejoindre son capitaine lorsqu'il vit enfin ce qui l'avait frappé, la fameuse Margaret Bonapoil, un sacré bout de bonne femme. Deux mètres de muscles et cent trente kilos de rages ; la combinaison parfaite pour faire le ménage dans le château et de temps en temps foutre de violentes raclées aux visiteurs nocturnes. Lion se stoppa net, déglutit avec inquiétude, puis repartit dans l'autre direction en se pressant déjà plus. Il ne pouvait s'empêcher -et c'était pas faute d'essayer- de se retourner vers l'horrible femme, et à chaque fois qu'il le faisait, il doublait sa cadence. Il ne lui fallut donc pas longtemps pour qu'il se prenne le corps de l'homme dans les pieds ; avant de s'étaler de tout son long. Il se redressa d'un bond comme pour minimiser la chute, et tremblant comme une feuille il porta à sa bouche sa dernière cigarette. Il voulut l'allumer, mais les frétillements de ses mains lui firent échapper le briquet qui roula jusqu'aux pieds du cadavre. Lion se baissa pour le ramasser, mais quand il voulut embraser sa nicotine le visage de l'homme apparut dans son champs de vision. Ses tremblements cessèrent presque instantanément. Quelques secondes après, il quittait le jardin avec la ferme intention de ne pas y revenir ; laissant derrière lui le singulier tableau d'un d'un défunt avec une clope au bec. Quand il regagna l'entrée et la lumière, on pouvait déjà lire sur le visage du bonhomme un état de manque effroyable. Ses yeux rouges transcendaient quasiment ses lunettes et tous ses mouvements se faisaient brusquement et de manière bien trop ample pour être sous contrôle. Il se mit à gratter ses poches, puis les murs à la recherche de nicotine ; mais alors que ses ongles grattaient le plâtre en vain, il se tourna soudainement vers Margaret. Il la pointa du doigt et se dandina vers elle d'une démarche agressive.
"Toi là, tu vas payer ma grosse pour ce que t'as fait ! FAUT ETRE LA REINE DES PUTES POUR FUMER LA DERNIERE CLOPE D'UN TYPE EN MANQUE!" Lion qui de toute évidence avait un peu perdu les esprits, enchainait vivement la conversation. Il se tourna vers le vieil homme, et sans perdre de ton tenta de rire en même temps qu'il lui parlait. "Vivre simplement pour mourir dignement ? J'ESPERE AU MOINS QUE T'ES SENILE POUR ETRE FIER D'UNE PHRASE QUI PUE AUTANT. TIENS, ELLE RELUQUES PLUS ENCORE QUE JOE !"
Margaret avait le réflexe d'être un poil tatillon lorsqu'on s'adressait à Clauster avec un flagrant manque de respect, aussi ne put-elle résister à l'envie de foutre un taquet au jeune impertinent qui se pavanait devant elle. Manque de bol, Lion avait prévu le coup et s'était carapater à vitesse grand L (qui est au moins deux fois plus rapide que la vitesse grand V). Lion savait qu'elle n'allait pas en rester là, alors il prit les devants, et plus précisément il prit Joe ; comme ça par les cotes qui s'ouvraient à ses doigts. Il le fit tourner autour de lui avant de le propulser sur les ennemis. Et pendant qu'ils le réceptionnaient comme ils pouvaient, il en profita pour se faufiler telle la hyène qu'il était en réalité pour se mettre à courir dans le gigantesque corridor. Il s'arrête après quelques mètres, juste à coté d'un exceptionnel vase d'une valeur sans nom. Le bruit de l'amphore se brisant sur le sol résonna tout le long du couloir. Lion ne put voir les têtes pâles de dégout que tirèrent Margaret et Clauster, mais cela ne freina pas sa joie ; ô non. Et tandis qu'il continuait sa course effrénée à travers le gigantesque couloir où il mettait un point d'honneur à détruire chaque bibelot, chaque objet avec un tant soit peu de valeur -sentimentale ou pécuniaire- ; un effroyable écho parvint à l'entrée.
Sujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... Ven 6 Jan - 2:47
C'est souvent au niveau du sol qu'on croise les plus drôles oiseaux. C'était encore le cas aujourd'hui, mais hélas, je n'ai pas pu constater les premiers de la soirée vu que je sortais à peine de ma léthargie. Une léthargie, c'est quelque chose d'assez particulier à vivre, sauf quand on est saoul comme une grive. C'est un peu le fait d'être hors du temps. Dans le cas présent, c'était tout à fait le cas. J'avais marché derrière Joe jusqu'au nain de jardin que je n'ai même pas pris la peine de toiser. J'étais depuis mon réveil complètement perdu dans mes pensées. Pourquoi me direz-vous. Pour la simple et bonne raison qu'une crevure de squelette avait eu la bonne idée de jeter son briquet dans une barque. Il en fallait pas moins pour me réveiller. Non pas parce les flammes me léchaient le visage, mais plutôt parce que ma poudre prenait feu. Je me concentrais à sauver ce que je pouvais avant d'attraper rapidement deux bouteilles et bondir du bateau. Quel gâchis. Il y avait là tant à boire... Plus que quiconque, je supportais difficilement l'alcool. Non pas dans mon organisme, mais plutôt parce que ce connard diminue vite à l'intérieur des diverses bouteilles. Alors qu'on le gâche m'exaspérait profondément. Il n'y avait pas là matière à siffler comme un merle.
Il m'importait peu de savoir qui étaient le responsable de ce désastre que je déduisais n'être pas directement Joe à la vue du décor : notre pauvre barque -que j'avais piqué à ce jeune révolutionnaire que j'avais suivi à Centaurea- n'était pas la seule victime des flammes. Mais c'est sans vraiment me demander pourquoi tout ceci arrivait que je restais perdu dans mes pensées, suivant le reste de mon groupe dans sa marche vers l'inconnu. L'inconnu étant dans le cas présent celui qui se présentait sous le nom de Clotaire ma Bestah ♥ -pardonnez si j'écorche le nom, j'ai souvent une tête de linotte. J'entendais sans vraiment écouter ce qu'il disait, ne relevant dans le discours qui l'opposait au squelette que le terme de BAM's que ce dernier avait employé. J'sais pas pourquoi, ça m'a réveillé. Alors que je reprenais calmement mes esprits en me concentrant sur les deux bouteilles qui me restaient dans les mains, j'aperçu une grosse dame envoyer Lion paître, ce qui eut le mérite de me faire rire étant donné que le bruit qu'il lâcha dans son vol vers le sol s'éloignait pas mal d'un rugissement. J'arrachais le bouchon de la bouteille de bière que j'avais encore dans la main gauche (l'autre contenant de l'alcool pur) et commençais à boire le fameux liquide que j'apercevais le p'tit bonhomme en contrebas me fixer d'un air... irlandais. Et comme il était évident que j'avais bien l'intention de bayer aux corneilles, je lui adressai la parole dans la plus grande insouciance.
"Bah tiens, vous tombez bien. On dit souvent que les gens petits possèdent une grandeur d'âme infinie. Enfin, pas tout à fait, mais disons qu'ils sont souvent bien pratiques. Aussi, ça m'arrangerait que vous m'indiquiez-vous même la position de votre cave à vin, parce que j'risque de me paumer. J'veux bien dire au bateau où aller, mais maint'nant qu'il est brûlé, j'vais avoir du mal à le diriger. Du coup, autant qu'on me guide. On ne peut pas contrôler un bateau sans alcool. N'est-ce pas?" "Hum... Vous permettez? Je vais vous y accompagner mon cher."
Alors que la grosse dame toisait méchamment Lion et que le vieux hibou m'avait royalement ignoré pour reposer son regard sur Joe, voilà que venait d'arriver, sorti de nulle part, un type en smoking avec des lunettes. Alors autant, je peux vous assurer que je n'aime pas les types en smoking avec des lunettes, autant celui-là, je l'appréciais au bout de quelques courts mots. Je le remerciais d'un geste de la tête alors qu'il m'invitait à passer devant lui, tout en esquissant un geste afin de replacer ses lunettes sur le haut de son nez (ce qui n'avait aucun intérêt puisqu'elles retomberaient encore et encore, mais admettons). J'avançais droit devant moi, tête haute, soucieux de la qualité d''alcool que j'irais trouver. Puis je vis passer Lion qui riait bizarrement. Je dois avouer que je considérais désormais le bonhomme comme un véritable miroir aux alouettes vu que c'était la première fois qu'il sortait de son silence gentillet, lui qui était toujours gai comme un pinson. Un sourire amusé apparut sur mon visage alors que je me remettais à marcher. Puis, sans vraiment que je m'y attende, je me suis écrasé par terre, mes genoux ayant étés taclés par le type en smoking.
"Sincèrement vandale, vous pensiez vraiment que moi, Boris Vlan, alors que je travaille ici, allait vous laisser passer? La stupidité des pirates m'indiffère, mais leur bêtise me fait rire. C'est pour cela que si je vous déteste, je ne vous hais point. En fait..."
Alors que le type en smoking se replaçait une nouvelle fois les lunettes sur le haut du nez et entamait un discours des plus inintéressants, je me relevais et me dépoussiérais comme je pouvais. Dans l'espoir qu'il m'indique tout de même la cave, je restais là, à faire le pied de grue, en attendant la fin de son long discours. Cela dit, et à mon grand désarroi, l'homme semblait bavard comme une pie. Il me fallait donc abréger mes souffrances et pour cela, le meilleur moyen fut de lui couper la parole.
"Donc la cave à vin... Non?" "Bien sûr que non ! Mais êtes-vous, pirate, assez stupide pour penser que..."
Il ne m'en fallait pas plus pour me sentir comme le dindon de la farce tandis que Boris semblait fier comme un paon. Je tournais alors brutalement la tête vers l'intérieur du couloir dans lequel résonnait l'étrange rire de Lion et partit à sa poursuite, laissant là, surpris, mon interlocuteur qui pensait visiblement que je l'écoutais. Je ne savais pas ce qu'on était venu foutre ici, et je m'en moquais un peu à vrai dire. Mes préoccupations se trouvaient bien loin de là : il me restait juste assez de poudre pour vider un chargeur et la seule bouteille d'alcool qui me restait contenait du pur. Autant dire que ça descend vite. Alors que je constatais que les objets que brisaient Lion sur son passage n'étaient pour la plupart que des vieux rossignols, je cherchais dans ce couloir une porte qui ressemblait à autre chose qu'au vieux monsieur de dehors. Visiblement, ce type, s'il n'était pas le propriétaire, s'était fait une place importante dans ce grand manoir. Ou tout du moins dans le long corridor qui précédait la suite du palace. Moi qui suis plutôt chouette comme garçon, croyez-moi que parcourir ce long et répétitif putain de couloir me lassait profondément.
"Dix-sept portes. Dix-sept putains de portes qui se ressemblent toutes et pas une salope pour me dire qu'il y a une cave à vin derrière l'une d'entre elles. J'sais pas moi, il est à qui ce manoir, à un gay? J'ai pas vu UNE serveuse, ou UNE connasse de secrétaire, ni même UNE femme de chambre. C'est facile d'obtenir des informations d'une femme : soit on lui demande et on la viole, soit on la viole et on lui demande. Alors pourquoi n'y a-t-il pas UNE FEMME DANS CE PUTAIN DE MANOIR? Comment ça? Y a Margaret? MAIS C'EST PAS UNE FEMME MARGARET, C'EST UNE GROSSE !"
Je l'avoue aujourd'hui, mais il était hors de question que je le fasse au moment présent : je pratiquais totalement la politique de l'autruche en refusant d'accepter que je ne trouverais pas cette cave à vin. Mais soudain, après ma tirade, j'entendais au loin pousser des cris d'orfraie. Résigné dans l'idée que je ne trouverais pas de cave à vin sans qu'on me l'indique, je retournais voir à l'entrée du manoir où m'attendait gentiment Boris qui tapotait du pied, action que je trouvais quand même vachement obsolète pour un soi-disant garde. Sans vraiment porter attention au reste de la bande, je m'approchais de Boris. Il faut croire que mon côté posé, contrairement aux deux autres andouilles m'avait apporté un semblant d'écoute chez l'homme en smoking qui semblait être l'exact inverse de la grosse Margaret qui, après avoir tout à l'heure réceptionné Joe, était parti à la poursuite de Lion.
"Et bien. Moi qui comptais partir vous poursuivre, voilà seulement une petite minute que vous êtes rentrés. Je n'ai même pas eu le temps d'aider le patron Clauster à remettre son chapeau que vous êtes déjà de retour. Vous avez croisé les barbares?"
Une minute? Ah. Ma notion du temps est quelque peu perturbée par l'alcool alors comprenez bien que cette minute m'avait paru vachement longue à l'époque. Mais du coup, ça expliquait totalement pourquoi le bonhomme ne m'avait pas poursuivi. Donc je n'étais pas bien vu, j'étais juste un putain d'impatient. Que voulez-vous, je ne suis pas une blanche colombe. C'est même un peu le contraire, mais passons.
"Si vous parlez de Lion, je crois qu'il s'est un peu plus enfoncé dans le manoir que moi. Mais sinon, pas vraiment non. Cela dit, est-ce que vous allez m'indiquer ou est cette foutue cave à vin?" "Non, toujours pas. Du moins, pas sans contrepartie. Ces vautours se sont faufilés dans le manoir sans qu'on ait vraiment eu le temps de les arrêter. M'est avis qu'ils veulent s'en prendre à ce qui sera le surement le chant du cygne du baron. Je ne connais vraiment pas leurs intentions, mais ça ne m'étonnerait pas. Et je dois vous avouer que si le patron et Margaret aiment bien se trémousser pour faire bouger les choses... Si vous pouviez au moins dire à vos potes d'arrêter de foutre le bordel un peu plus, ça m'arrangerait. Vous êtes d'accord?" "Hein? D'accord avec quoi? Avec vous? Bah nan, hé, couillon, j'suis un pirate."
Alors que Boris soupirait longuement avant de brandir ce qui semblait être un simple revolver vers mon visage, une bande de femmes faiblement vêtues -que je supposais être, enfin, les domestiques du coin- accoururent dans notre direction en hurlant au désastre. D'une parce qu'après s'être cachées des barbares, elles s'étaient toutes réfugiées dans la cave à vin, espace qui, selon ces dames, puait énormément. De deux, parce qu'apparemment un type qui portait une sympathique prime sur sa tête venait de débarquer dans la salle afin de briser tous les objets précieux ou non sur son passage tout en riant de manière inquiétante. Pendant que les demoiselles expliquaient à Boris pourquoi elles étaient parties comme une volée de moineaux de leur cachette et que celui-ci était acculé par les paires de seins, je me suis retiré dans le jardin avant de sortir du riche domaine.
Cette soirée-là, après avoir parlé de linotte, de pie, de corneille, de merle, de pinson, de chouette, de hibou, de paon, de colombe, de dindon, de grive, de vautour, de rossignol, d'autruche, de grue, de moineau, de cygne, d'alouette et d'orfraie, j'avais bien l'intention de ne plus entendre parler de drôles d'oiseaux pendant un bon bout de temps et de partir à la recherche d'un bar encore ouvert dans la ville. Mais alors que je me dirigeais vers celle-ci, je constatais qu'il ne fallait pas oublier Joe et Lion dans ce putain d'endroit. Et c'est au moment précis où je me retournais vers le jardin afin d'y attendre mon capitaine que j'avais l'impression qu'un corbeau avait été pris pour un putain de pigeon.
Sujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... Dim 8 Jan - 20:48
Il y a des positions qui ne sont clairement pas facile à tenir lorsque l'on martèle un discours de prophète illuminé de calibre de Gronchubidard. Et même avec la plus grande volonté du monde, on doit se résoudre à parfois emprunter des chemins de traverses qu'on pourrait taxer d'opportunisme voir de carrément mensongers pour déguiser une conduite ou un travers contradictoire à ses convictions. C'est par exemple le cas de notre bonhomme, tout bonnement incapable de dissimuler sa gloutonnerie face à une assiette de ragoût, même en les sachant (l'assiette et le ragoût) tout à fait fictif, et donc en théorie incapable de réveiller le moindre appétit. Mais voila, Gronchu' est un goinfre. Et la goinfrerie, à un certain stade, prend le pas sur la raison. On a beau savoir que le rôti que le tavernier nous amène n'existe pas, il n'en semble pas moins délicieux. Et notre prophète, pour camoufler cette faille dans le discours qu'il martelait à tord et à travers, avait réussi à trouver une parade devenue célèbre. Il n'était pas un goinfre, mais un grand spécialiste de cuisinomancie ! La cuisinomancie est une pratique divinatoire, variante de l'astrologie ou de la cristallomancie, et selon laquelle d'ordinaire la contemplation de la nourriture ou de la boisson, ou plus précisément de l'interprétation des motifs qu'elles forment permet (selon les ragots de mégères) de lire l'avenir dans une certaines mesure (une idée que Gronchu' savait en théorie impossible à moins d'être l'auteur). Et si la plupart des cuisinomanciens avaient une faiblesse pour les feuilles de thé, notre prophète, lui, prétendait pouvoir lire n'importe quel plat, et en particulier ceux qui auraient macérés dans du beurre (d'ou le "grand" dans "grands spécialiste de cuisinomancie") Enfin, le bonhomme avait réussit à pousser le vice jusqu'à convaincre les badauds que son aptitude ne passait pas tant par la contemplation du plat, mais par son ingestion pur et simple, si possible en grande quantité.
Gronchu' avait beau connaitre la crédulité de ses contemporains (à qui les ragots sur une tripotée de fruits donnant des pouvoirs surnaturel à qui les mange MAIS SURTOUT PAS PAR DEUX, ne faisait pas hausser un sourcil) mais en se lançant dans cette tromperie pour excuser ses travers pantagruéliques, il ne pensait sincèrement pas que les gens goberaient aussi facilement une fable si démesurément grotesque. Enfin, comble de la farce, notre bonhomme, à force de se goinfrer de tout et n'importe quoi, avait finit par se faire une sérieuse réputation de véritable cuisinomancien sans égal quand, de surcroit, il se contentait systématiquement d'improviser des prévisions génériques en les enrobant de salamalecs et en baissant le ton pour rendre l'artifice plus théâtral (de l'ordre du "Ce sandwich jambon-cornichon m'apprend que dans un futur-proche-mais-pas-trop-non-plus, une personne que tu connais peut être déjà perdra ses clefs." ou "Hmmm, ma chope de bière vide est formelle. Dans les minutes qui vont suivre, quelqu'un te commandera une autre tournée, tavernier." voir parfois "Ce poulet basquez m'indique qu'il serait bien meilleurs avec un peu plus de sauce.". Gronchubidard ne s'adonnait pas à cette supercherie par plaisir. D'abord parcequ'elle attirait bien trop l'attention sur lui pour des broutilles, ensuite parcequ'elle n'était pas très "héroïque" et tirait parfois sur une corde un peu grosse.
Mais l'estomac finissait toujours par prendre le dessus car Gronchubidard Mortiburn avait l'amour de la bouffe. Et l'idée d'en gaspiller, même une lichette lui était insupportable. Comprenez donc que lorsqu'il envoya voltiger son assiette de blanquette dans la tronche d'un missionnaire de la Confédération des Prêcheur venu, avec son escadron le dénicher dans l'auberge de Lunveel au beau milieu d'un repas, c'était que la situation n'offrait pas vraiment d'alternative. En revanche, il n'eut pas tant de mauvaise conscience en martelant deux autres fanatiques à grands coups de son fameux bougeoir. Et ce ne fut pas le scrupule qui l'étouffa lorsqu'il piétina ceux qui restaient en fondant vers la sortie, brandissant une table à bout de bras devant lui en guise de pavois. Le bonhomme était immunisé à tout cas de conscience lorsqu'il s'agissait de maltraiter des figurants car il savait tout bonnement que ceux ci n'interviendraient pas si ce n'étaient pour se prendre des branlées de temps à autre. Il arrivait que certains d'entre eux se relèvent et poursuivent le héros, mais c'était uniquement pour se faire dérouiller un peu plus loin. Gronchu' avait beau savoir que ces pauvres guignols n'avaient pas leur mot à dire quand à leur condition de sacs de frappe, il ne pouvaient s'empêcher de s'indigner à chaque fois qu'une nouvelle fournée d'entre eux lui mettait le grappin dessus en pensant sincèrement CETTE FOIS-CI réussir à l'attraper pour de bon.
"MAIS BORDEL, s'était-il mit soudainement à beugler de derrière sa table à l'égard du gros de l'escadron qui l'attendait de pied ferme face à l'auberge dont il était sortit sans encombre. VOUS VOUS DEMANDEZ JAMAIS COMMENT UN GROS PLEIN D'SOUPE COMME MOI ARRIVE A TOUS VOUS COLLER UNE GROSSE CHIÉE SANS TRANSPIRER UNE SEULE GOÛTE ?! Quelques grattements de têtes impromptues lui indiquèrent que les plus futés du lot s'étaient effectivement déjà posé la question sans être parvenu à y trouver une réponse qui n'heurtait pas leur amour-propre. SI J'POUVAIS PERDRE CONTRE VOUS, ÇA SERAIT ARRIVÉ DEPUIS BELLE-LURETTE !! SEULEMENT C'EST PAS POSSIBLE PARCE QU'ON EST DANS UNE PUTAIN D'HISTOIRE, QUE J'EN SUIS LE HÉROS, ET QUE VOUS EN ÊTES LES FAIRE-VALOIRS !" Devant les regards légèrement bovins de ses interlocuteurs, le bonhomme se calma un peu, lâcha son pavois de fortune (ce qui provoqua quelques tressaillement nerveux chez les plus impressionnables) et opta pour une approche plus pédagogique. 'Tendez que j'vous montre, Reprit-il en s'étirant les genoux. J'vous parie mes couilles que si j'pars en courants et que vous m'coursez ; de une vous serez pas foutu d'me rattraper alors que chuis clairement pas outillé pour la course de fond. Et de deux, sans qu'j'y puisse quoique ce soit, vous allez vous faire entarter la gueule n'importe comment."
Et sans crier gare, il décampa vers le seule repaire entrant dans son champ de vision : Une énorme enceinte surplombant la ville et vers laquelle semblaient converger quelques badauds à l'air intrigué. Apparemment surpris que le bonhomme mette en pratique le plan qu'il venait de leur détailler point par point, les missionnaires se lancèrent à sa poursuite, malgré les mises en gardes du bonhomme. "Mais quelle bande de crétins ..." grommela Gronchu' dans sa barbe tout en progressant au petit trot vers ce qui s'apparentait de plus en plus à un manoir, ou n'importe quel nom qu'on pouvait donner à une très grosse maison pleine de décorations dispendieuses et de mauvais gout. A mesure que la poursuite s'étendait, et conformément aux prédictions du bonhomme, la meute de poursuivant perdait inlassablement du terrain sur leur cible qui, pourtant, continuait sa course sans se presser en jetant de temps à autre quelques coups d'oeil critiques sur les maisons à l'esthétique la plus discutable parmi celles qui bordaient la route. Alors que Gronchubidard atteignait l'enceinte du manoir, il se risqua à jeter un coup d'oeil derrière lui pour juger de la bonne tenue de ses prévisions. Les poursuivants semblaient noyés dans une foule de badauds s'étant intensifié en l'espace de quelques secondes si drastiquement que ça en semblait surréaliste. Notre héros s'arrêta alors pour reprendre son souffle et porta sa main à son front pour mieux apprécier le spectacle dont il soupçonnait fortement le déroulement à venir. D'abord quelques protestations fusèrent à l'égard des missionnaires qui semblaient avoir commencé à jouer du coude pour traverser la cohue. A cela, certains villageois plus sanguins avaient répondu en jouant, eux, du poing, si bien qu'au final, les pauvres émissaires de la Guilde devinrent la cible d'un lynchage qui sonnait comme l'épilogue des prévisions de Gronchubidard.
"BAH VOILA ! C'EST POURTANT PAS FAUTE DE VOUS AVOIR PRÉVENUS, BANDE DE MARIOLES !! Se mit-il à vociférer en portant ses mains à sa bouche en guise de mégaphone. LES HÉROS, ÇA SE FAIT JAMAIS CHOPER PAR DES CLOWNS DANS VOTRE GENRE !! CELA DIT, VU C'QUE VOUS ETES EN TRAIN DE PRENDRE, FAUT BIEN VOUS RAPPELER QUE LES CAILLOUX QUI VOUS MITRAILLENT, Y SONT FIC-TIF !! CEUX QUI LES JETTENT AUSSI, D'AILLEURS !! ET DANS LA FOULÉE, VOUS L'ETES TOUT AUTANT, SINON PLUS. PARCE QU’UNE CONNERIE DE CE CALIBRE, MOI J'PRÉFÈRE VOUS DIRE QUE C'EST SURRÉALISTE !!!"
La dessus, des échos de bruits de vaisselle qu'on casse résonnèrent derrière lui. Notre gus se retourna donc et tomba nez à nez avec un type flanqué d'une queue de cheval et d'un air placide et endormi confinant à l'abrutissement et que notre gus n'avait pas remarqué tantôt. Sans prendre le temps de réajuster le sonomètre de ses cordes vocales ni de baisser ses mains, il lui asséna une perspective d'otite carabinée
"ET TOI, C'EST PAS LA PEINE DE FAIRE LE MALIN !! TU M'AS L'AIR CARRÉMENT FICTIF COMME TYPE !!"
Dernière édition par Gronchubidard Mortiburn le Ven 27 Jan - 10:38, édité 1 fois
Empereur pirate
• I'm Jie Aie Joe
► Messages : 58 ► Date d'inscription : 22/10/2011 ► Age : 28
Sujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... Sam 14 Jan - 21:50
Il y a des choses qui rendent un peu triste dans la vie. Oublier son parapluie avant un séjour de deux semaines au fin fond de la campagne bretonne. S'apercevoir que quelqu'un a déjà pris le petit jouet au fond de la boîte de céréales. Briser une vitre avec le ballon et être obligé d'interrompre le match pour fuir en courant, alors que putain y avait but ! Se faire larguer le jour de la mort tragique de ses parents, dont on apprend qu'ils n'étaient que des parents adoptifs, puisque les vrais géniteurs sont des clodos birmans nudistes qui se lavent à l'urine de bœuf, et qui tentent de vous faire des câlins de réconfort pendant que leur chien atteint de la rage adresse à vos fessiers un salut dentaire des plus douloureux (le tout filmé par votre désormais ex-fiancée qui se fera une joie de le diffuser largement par tous les moyens possibles, dont le mini-lecteur DVD généreusement parachuté dans la brousse zimbabwéenne). Ou alors se faire lâcher par ses deux compagnons de voyage alors que l'on vient d'entrer dans un lieu qui semble hostile sous tout rapport. Oui, ça rend un peu triste.
Voilà pourquoi Joe SmökE se tenait debout à l'entrée du manoir du baron Schmickeldräff, un peu dépassé par la tournure des événements et l'orbite légèrement humide. Pourquoi ? Pourquoi tant de solitude après un acte badass qui aurait dû lui ouvrir les portes de la reconnaissance et de la gloire éternelle s'il y avait eu une justice en ce bas-monde ? Pourquoi n'étaient-ils pas restés tous les trois de front, faisant face à l'adversité avec fierté et panache ? Pourquoi Lion l'avait-il jeté sur Clauster avant de s'esquiver en riant comme un dément ? Pourquoi Troy était-il parti en quête d'une cave à vins ? Pourquoi, mon Dieu pourquoi ses deux compagnons étaient-ils AUSSI CONS ?! Il restait là, hagard, bredouillant des "Mais... mais enfin les gars... que personne n'entendait, évidemment. Une attitude plutôt dangereuse, puisqu'en sa qualité de personnage à taille ridicule, aigri par la vie qui a été injuste avec lui ("Désolé p'tiot, mais faut dépasser la barre rouge pour entrer dans le manège !"), Clauster MacBeasty était un vrai petit salopard, au sens propre du terme bien entendu. Ce trait de caractère ne tarda pas à se manifester, sous la forme d'une impulsion vers l'avant, bientôt suivie d'un petit poing qui n'en fut pas moins douloureux, puisqu'il se dirigea en droite ligne vers le coccyx de Joe. S'il s'attendait parfaitement à ce que le squelette tombe à genoux sous la douleur, il n'avait en revanche pas prévu d'avoir lui-même mal au poing suite à ce coup bas - toujours au sens propre du terme. Après tout, là où il avait frappé les gens ordinaires possèdent un truc plutôt mou dans ces circonstances, à moins d'être réellement aguiché par la grosse Margaret, ce qui serait particulièrement malsain (même pour un missionnaire qui tournerait aux chèvres depuis dix ans, ce qui n'est pas peu dire). Pendant que Joe, à quatre pattes, tapait du poing par terre en jurant, Clauster sautillait tout autour en secouant sa main endolorie et en jurant de plus belle ; une scène de combat qui avait au moins le mérite de l'originalité, puisqu'elle ne figurait dans aucun des standards classiques de l'affrontement épique. Le hall d'entrée du manoir, là où il aurait dû trembler sous une déferlante de coups à la puissance monstrueuse, ne vibrait qu'à cause de la voix des deux protagonistes, donnant quelque chose de ce goût-là :
- Ah putain l'enfoiré de connard de saloperie de brèle de merdouille de mes deux - que je n'ai plus, KHRRREHEHEHEHEHEHE - de pute de chiasse de nabot à la con ! - ME TRAITE PAS DE NABOT ! Enflure de pedzouille de clodo de salope de pourri de bordel de crevure de bachi-bouzouk de tas d'os vilain pas beau ! - Vilain pas beau ? C'est tout c'qu'on a dans le ventre chez les lilliputiens ? KHRRREHEHEHEHEHEHE ! - Tu dois pas avoir tellement plus, p'tite connasse de fripouille ! ET PUIS D'ABORD T'AS MÊME PAS DE VENTRE ! - C'était MA blague, Tom Pouce ! - Je m'appelle CLAUSTER, ducon ! - EH BAH JE DOIS ÊTRE CLAUSTEROPHOBE ALORS, PARCE QUE TA GUEULE DE NAIN ME REVIENT CARRÉMENT PAS !
Sur ce bon mot, Joe se releva et défourailla son épée, fermement décidé à en mettre plein la gueule à cet enfoiré de nain. Franchement, ces gens-là devraient se contenter de compter les clés de Fort Boyard, ou à la rigueur tourner dans des téléfilms où ils claquent des doigts pour faire des trucs magiques... mais en aucun cas se mêler de la sécurité d'un manoir que Joe SmökE est fermement décidé à piller. Et cela, qu'il soit accompagné ou non par ses subordonnés. Le capitaine pointa son arme en direction de Clauster, qui avait lui-même coiffé ses poings de deux sortes de boules métalliques, formant des gants de boxe particulièrement avancés dans le domaine de la tricherie sportive et, accessoirement, de la létalité. Les deux adversaires se fixaient, guettant chacun chez l'autre le signe qui annoncerait le début des hostilités, crispation des muscles de la mâchoire, variation du regard, froncement de sourcils - enfin, pour être plus exact, Joe guettait ces signes chez Clauster, qui lui-même plissait les yeux d'un air averti devant une fourmi qui escaladait le manteau du pirate, faute de pouvoir distinguer quoi que ce soit sur ce visage inexpressif de squelette. Et c'est alors, lorsque la tension était à son comble, au moment précis où le capitaine allait se précipiter sur ce connard de nabot... qu'un concert de voix au loin l'arrêta net.
- Donnez-moi uuuun... O ! - Oh putain de corneguidouille... La situation est donc si désespérée ?! - Hein ? De quoi tu parles le lutin ? - Donnez-moi uuuun... U ! - Ils arrivent... On ne fait appel à eux qu'en cas d'urgence habituellement... La vie du baron doit être en danger ! - Mais qui, "ils" ? C'est des forces spéciales, ou j'sais pas quoi ? - Donnez-moi uuuun... R ! - Oui... De vrais malades mentaux, ils passent toute l'année dans un night-club où on les nourrit à la viande crue et au sucre d'orge... On les appelle... - Bah vas-y crache le morceau ! - Donnez-moi uuun... S ! - On les appelle OURS ! - OURS ? - YAY C'EST NOUS ! OSTRICH ULTIMATE RIDERS SQUAD ! ON EST DANS LA PLACE, TOI MÊME TU SAIS ! ♥
Le spectacle qui s'offrit alors à Joe était d'une funkytude à en faire danser une statue cul-de-jatte. Une troupe d'autruches entrèrent dans la salle de leur magnifique course à deux temps, tout en bougeant la tête de cette manière que seules les autruches maîtrisent, et qui nous fait rêver tous autant que nous sommes. Elles portaient toutes des bas résille qui leur allaient à merveille, et d'impressionnantes moustaches postiches fixées sous le bec. Sur leur dos, il y avait une selle ; et sur les selles, il y avait des hommes... étranges. Ils étaient tous habillés de la même manière, mais il ne serait jamais venu à l'esprit de Joe que ce puisse être un uniforme, parce que personne ne peut décemment inventer un uniforme pareil, le coucher sur papier et le faire tailler spécialement pour une douzaine d'hommes. On aurait plutôt dit que ces forces spéciales avaient tous exactement les mêmes goûts vestimentaires, au demeurant plutôt douteux. Leur tenue se composait de santiags vert pomme, d'un jean déchiré aux genoux, avec une coquille slip par-dessus qui semblait en... en or massif ? Ajoutez à cela un T-shirt frappé de mots énigmatiques, différents pour chacun (tels que Jambon, Caribou, Huissier, Pantalonnade ou Menstruations), un gilet en cuir à franges, un chapeau de cow-boy et des lunettes de soleil en forme de nœud papillon, le tout saupoudré de paillettes par-ci par-là dans le plus pur style années 80... Sans oublier leur rouge à lèvres exceptionnellement voyant, leurs cigares imposants et les cœurs qu'ils avaient fièrement tatoués sur leurs joues... On obtenait là un cocktail pour le moins détonant, comme si l'on avait essayé d'extérioriser le plus violemment possible le Cow-boy et l'Okama qui sommeillent en chaque homme digne de ce nom. Et tout cela s'agitait, se trémoussait sur le dos des autruches qui avaient formé un cercle autour des deux adversaires, et dansaient sur un rythme endiablé, parfaitement coordonnées dans une chorégraphie millimétrée. Joe n'en revenait pas. Voir une chose pareille lui donnait l'impression d'être dans un rêve, ou d'être devenu fou tout simplement. S'il avait encore eu le moindre lambeau de chair, il se serait pincé pour se réveiller. Le plus étrange, c'était que ces autruches dansaient sans la moindre musique ; et pourtant, le capitaine ressentait les pulsations du rythme dans le moindre de ses os, comme si un Audio Dial crachait un son d'enfer à en décoller le papier peint. Il fut même tenté de danser avec les volatiles, et il savait au fond de lui-même que sans pourtant connaître un seul pas de leur chorégraphie complexe, il aurait été en parfaite harmonie avec les Ostrich Ultimate Riders Squad. C'est ainsi que, sans vraiment s'en rendre compte, le capitaine Joe SmökE commença à se trémousser au milieu du cercle formé par cette unité d'élite, tellement funky que personne n'aurait pu y résister. A plus forte raison lorsque les OURS dégainèrent chacun un harmonica soigneusement dissimulé dans leur coquille en or, et se mirent à jouer comme de vrais cow-boys, nourrissant encore plus l'excitation du squelette. Il dansait sans retenue, accomplissant des prouesses physiques dont un être doté de chair et de ligaments n'aurait jamais été capable, en complet accord avec le rythme des pieds d'autruches qui frappaient le sol dallé et la douzaine d'harmonicas qui sifflaient joyeusement. Il était comme habité par une force supérieure, quelque chose qui l'envoûtait sans qu'il puisse rien faire contre, sans qu'il n'ait même l'idée de s'y opposer, et il aurait pu continuer ainsi jusqu'au lever du soleil... si trois lassos faits de soutien-gorges noués ensemble ne l'avaient pas attrapé au vol pendant un bond particulièrement prodigieux. Le squelette s'écrasa lamentablement au sol, sous les applaudissements enthousiastes des OURS. Se débattre fut vain : en bon cow-boys qu'ils étaient, les hommes eurent tôt fait de le maîtriser, de le ligoter et de le jeter en travers d'une des selles, le tout sans s'arrêter de danser. L'un deux, dont le T-shirt portait la mention Arachnide, s'adressa à Clauster, qui s'était contenté de regarder toute la scène un peu en retrait :
- Et voilà une bonne chose de faite, hihihi ! On s'occupe de lui, courez donc à l'intérieur du manoir, la situation est critique ! - Quels renseignements avez-vous ? - Le baron Schmickeldräff nous a appelés depuis sa chambre, il s'y est barricadé pour échapper aux barbares ! Apparemment, ils essaient de le prendre en otage pour forcer la Confédération des Prêcheurs à sortir de son trou, ils ont quelque chose à régler avec elle... Vous devez aller vous occuper de ces sauvages avec les autres Gardiens pendant qu'on sécurise l'extérieur du manoir. Si y en a d'autres qui veulent entrer, faudra déjà nous passer sur le corps, hihihi ! - J'y vais tout de suite, on les laissera pas toucher au baron, bordel de sacredieu ! - Bonne chance, Clausty chéri ! ♥
Sur ces entrefaites, les OURS sortirent du manoir - sans s'arrêter de danser, évidemment - avec le capitaine SmökE toujours ligoté sur l'une des autruches. Une fois dans le jardin, ils s'apprêtaient à se disperser pour couvrir toute l'enceinte du bâtiment... lorsqu'ils tombèrent sur Troy et une espèce de prêtre bizarre qui se tenaient face à face. Ils tournèrent tous les deux le regard en direction de l'étrange escouade des autruches dansantes... Un des okama-cow-boys, au T-shirt Pontife, leur adressa un radieux :
- Alors alors, vous êtes qui vous ? Pas des méchants j'espère ! - Troy fais pas le con ! Ils sont super dangereux, ils m'ont eu par surprise ! Tire-moi de là mon gars ! Et euh, toi le curé ou j'sais pas quoi, si tu peux donner un coup de main c'est pas de refus !
Et pendant ce temps, Lion courait toujours le long du couloir en direction d'une bande de Vikings en furie, avec loin derrière lui les trois Gardiens qui s'y précipitaient avides d'en découdre...
Sujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... Dim 15 Jan - 16:18
GUARDIANS
Prends la vie du coté Badass.
En des siècles d'existence le manoir des Schmickeldräff n'avait jamais connu un tel carnage, et il ne fallait pas se leurrer, c'était uniquement grâce à sa garde personnelle. Les sentinelles avaient jusqu'à cette nuit fait un travail d'orfèvre, pas tant par leur force dévastatrice dans leur simplicité, mais bien par la volonté qu'ils mettaient chacun à botter le cul des visiteurs nocturnes comme diurnes. Certes le physique impressionnait, pour la plupart j'entends -Margaret étant à elle seule considérée comme "la plupart" si on se base sur une notation au kilos- mais il n'était rien. Rien face à leur tempérament. Une ardeur à vous brûler un lion s'attisait en chacun des gardiens du baron. Alors lorsqu'elle se déciderait à exploser, voire imploser, il vaudrait mieux pour vous, lui, toi et moi que ce ne soit pas dans le même monde. Lion, insouciant personnage fictif qu'il était, n'avait pas idée de la merde dans laquelle il plongeait tête la première, avec le sourire et sans palmes ni tuba. C'est vrai qu'en face de la reine des putes comme il l'appelait, cela avait parut être une bonne idée de se mettre à courir mais ; et ce en dépit de ce que tous les professionnels de la discipline vous scanderont, il fallait savoir où fuir. Sans quoi, vous échappiez à un requin pour vous jeter dans la gueule d'un ratel, qui lui-même fournissait un système de respiration au squale pour qu'il vienne casser la croute en sa compagnie. Et notre héros, dont le plaisir de casser tout ce qui rentrait dans son champ vision servait à atténuer le manque de nicotine, apercevait déjà les ratels... De vraiment grosses bestioles, surmontées de casque a pointes et qui mettaient un point d'honneur à fourrer une lance ou une hache là où il leur restait un bout de peau visible.
Sachez qu'il y a des situations où un homme doit révéler sa vraie nature, à fortiori quand dans le cas contraire c'est une mort préméditée et brutale qui l'attend. On ne sait toujours pas si c'est le manque de nicotine, la petite table basse posée en plein milieu du couloir ou juste pour marquer une bonne fois pour toutes les sautes d'humeur de son caractère ; toujours est-il que Lion fit une chose insensée. Je veux dire même pour un BAM quoi. Voire pour un BAM bien beurré. Pris en tenaille, voilà ce qu'il fit. Tout d'abord il sourit de toutes ses dents aux hommes qui le scrutaient, puis à quelques mètres du mobilier qui entravait le chemin il exécuta une superbe roulade sur le sol sans raison ; avant de prendre appui sur la table pour se lancer sur la horde de vikings enragés, le poing levé, le souffle coupé, la volonté excitée. Il pense sincèrement que c'est sa pirouette foireuse d'avant-saut qui perturba les hommes, tout bonnement car il ne trouvait pas d'autres raisons d'être toujours en vie (ceci vaudra jusqu'à ce qu'il rencontre Mortiburn bien entendu) avec avoir laissé la marque de sa botte dans la face d'un pirate, catégorie : "viril et toujours enclin à vous extirper les tripes gratuitement". Mais la suite est encore plus étrange. Lion était lancé. Un état d'euphorie qui n'avait rien à envier à Troy lui soulevait le coeur et lui piquait l'échine, aussi se dit-il le plus simplement du monde que ça aurait été criminel de s'arrêter en si bonne passe. Ni une, ni deux ; n'écoutant que sa nouvelle folie existentialisto-badass il se servit de la gueule du type qu'il écrasait comme marche-pied. Et ouais, on était comme ça dans la famille ; pas du genre à faire des manières une fois que la machine était en route. De nouveau dans les airs donc, le forban s'allongea de tout son long d'une part pour éviter les lances qui fusaient de tous les cotés, et d'autre pour tenter d'atteindre la sortie du corridor. C'est alors qu'il se croyait devenu invincible que Lion remarqua que la fin du couloir n'en était pas une, mais il y avait une fenêtre à la place. C'était déjà trop tard. Tandis qu'il passait à travers la vitre, il se dit que s'il devait mourir maintenant ; ce serait en marquant le coup. Alors il le marqua.
"ET C'EST POUR CA QU'ON NOUS APPELLE LES BAM ! RETENEZ LE BIEN BANDE DE GLANDUS !"
S'en suivit le traditionnel cri s'étouffant avec les mètres de chute gagnés, accompagné bien entendu du non moins solennel défilement de vie en quelques instants. De très brefs. De très très très brefs instants. Lion était tombé du rez de chaussé. Allongé sur le sol avec seulement quelques égratignures, il agitait les bras comme pour mimer une dégringolade un bon millier de fois exagéré ; et ce sous le regard partagé entre respect et pitié des hommes qu'il avait plus tôt irrité. L'un d'eux se dit finalement que le spectacle avait assez duré, mais il n'eut que le temps de resserrer sa hache que déjà déboulait en trombe la garde. Margaret à elle seule avait suffisamment de poids charisme pour monopoliser toute l'attention des assaillants. Lorsqu'un tel être vous fonçait dessus, on se disait qu'on avait jamais assez de haches sur soi. La chance de Lion se disputait à son culot et il repartait libre comme l'air. Sa première action fut de détaler le plus vite possible dans la direction opposée des cris. Après quelques foulées à travers le jardin arrière, arrivèrent simultanément l'ivresse d'être et l'appréhension de ne plus l'être ; c'est pourquoi il courait en rigolant à moitié et en se retournant toutes les secondes pour voir s'il n'était pas suivi. Plus il s'éloignait du chaos, plus sa béatitude enflait et quand finalement toutes traces d'anxiété disparurent ; il glissa sur une bouse et se prit un poteau.
"Réveillez-vous... Réveillez-vous ! TU VAS TE REVEILLER CONNARD ?! -Où suis je ?! Et qui êtes-vous ?! -Tu es Anna Abeli, et je suis chez moi... Ou alors c'est l'inverse... -Et qu'est ce que je fais là ? -Pas grand chose en fait. Faut dire que tu dors beaucoup, parfois tu marmonnes des trucs, mais rien de bien folichon. -Je veux dire, ici, chez vous. -Bah déjà tu vas aller prendre une douche, parce que c'est pas que je sois à cheval sur l'hygiène... de toute façon j'ai jamais fait d'équitation... mais j'ai du mal à différencier ton cul de ta tête. A moins que ce ne soit à cause de tes cheveux... -...C'est où ? -Anna Abeli que jt'ai dis ! -..."
Devant le sens de la rhétorique implacable de son interlocutrice, Lion n'insista n'y s'opposa guère ; il vit tout seul la serviette dépassant de l'encadrement d'une porte non loin, en conclue que c'était la salle de bain et s'y dirigea en prenant soin de ne pas poser d'autres questions aussi innocentes fussent-elles. Il s'hâta de s'installer dans la douche et s'appliqua à se savonner comme il ne l'avait pas fait depuis des lustres. En enlevant les couches de crasses de ses cheveux, il découvrit avec stupeur qu'il y avait tout un assortiment d'objets exotiques coincés dedans. Tandis qu'il s'affairait à les arracher de leur nid, il entendit Anna s'adosser contre la porte. Il eut le désagréable sentiment qu'elle allait de nouveau se mettre à parler. Et ce ne loupa pas.
"Au fait, ça me fait penser que j'ai jeté tes lunettes... après les avoir écrasés en mille morceaux... je trouvais pas ça humainement correct de te laisser te trimballer avec ça sur la tête. -... -Et je t'ai préparé de nouveaux habits aussi, alors t'as pas intérêt a les saloper comme les tiens ! Faut que je pense à les brûler d'ailleurs avant qu'un mystérieux virus ne décime le village... -... -Dis...? J'ai remarqué que tu venais du manoir du baron Schmickeldräff. Il était en feu d'ailleurs. C'est pas étonnant ces derniers temps, J'veux dire même les habitants l'attaqueraient si y'avait pas ces maudits gardes. En revanche que tu en reviennes en vie, ça c'est plus surprenant. -Je voulais savoir, c'est normal qu'il y ait pas d'eau chau... -Tu sais, j'ai une soeur. Le portrait craché de notre arrière grand mère... vraiment... Maya Jr qu'elle s'appelle justement. Toute petite elle a mangé le zoan de l'autruche... -Nan, vraiment je me les gè... -Mais y'a quelques années, des hommes sont venus la chercher. Ils ont dit qu'il manquait un spécimen sur la livraison d'autruches géantes de West Blue et ils l'ont prises, comme si elle leur avait toujours appartenu. J'ai bien essayer de les arrêter, mais j'avais..."
Lion sortit soudainement de la pièce, privant la fille de son dossier et qui tomba alors en arrière. Elle observa le visage grave de Lion et eut un mal fou à le reconnaitre, ses cheveux avaient doublé de longueur et son visage une fois toute la crasse enlevé avait de nouveaux traits. Mais ce qui changeait le plus, c'était son expression. Elle pensait que c'était un badaud avec une chance insolente, le genre d'homme dénué de toutes attaches et que rien au monde ne pouvait le faire sortir de ses gonds. Mais là, il avait un visage...résolu... Il la regarda droit dans les yeux et lui dit d'un ton fort.
"Je t'arrête tout de suite, ce n'est pas mon problème."
Sans parler ni même de nouveau croiser son regard, il s'approcha des habits que la femme lui avait préparés. Original était le mot. Une tenue qui avait plus l'allure d'une armure que d'autre chose. Lion l'analysa quelques secondes sans bouger, et son regard balaya ensuite rapidement la pièce. Il remarqua un paquet de cigarettes neuf posé sur la table à l'entrée, un placard qu'on avait oublié de fermer et qui vomissait des habits de ville divers et variés, et un tableau accroché en évidence. Il s'y contraint. Il plaqua et arma ses protèges tibias, il enfila et resserra son plastron, et il accrocha la cape qui finissait ce qu'on suspectait être un uniforme réglementaire d'un général d'armée. Un costume fait pour partir en croisade. La femme semblait hésitante, elle savait pertinemment ce que représentait sa demande ; tout comme elle savait que Lion avait compris ses idées et l'avait refusé. Pourtant, après plusieurs bafouillages timides, elle se jeta à l'eau comme une gamine qui sait qu'elle a fait une bêtise mais ne trouve pas comment la formuler.
"Alors j'avais dans l'idée... Tu sais que... peut être tu pourrais... vu l'agitation qui règne là bas... aller la... récupérer..."
Lion ne s'était pas arrêté, et à l'instant même où il fut habillé il se mit en direction de la porte. Il prit le paquet de cigarettes qu'il savait pour lui, ouvrit la porte, fit et un pas et...
"Ta soeur ne connaissait pas un certain Lion Froussard ?"
"Si pourquoi...?"
...et partit en croisade.
Empereur pirate
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Sujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... Dim 15 Jan - 22:17
"EH BAH TOI TU M'AS L'AIR SACREMENT CON !"
Il est important de préciser que je ne savais jusqu'alors pas ce que signifiait le mot fictif. Mais par principe, quand quelqu'un vous gueule dessus, en Capslock qui plus est, il est préférable de rétorquer rapidement de la même manière. D'une parce que ça a souvent le mérite de faire taire le bonhomme, de deux parce qu'on ne crie jamais assez. Alors bon. Cela dit, alors que je me retournais vers cet étrange vieillard (qui portait un tout aussi étrange bâton-bougie), je constatais qu'il avait une putain de bonne gueule. Ouais, il y a des gens qu'on des bonnes gueules. La vie, c'est comme ça qu'elle se décide : y a des gens, tu sais au moment où tu les vois, tu sais que tu peux t'entendre comme cul et chemise avec eux. Gronchubidard Mortiburn était un de ceux-là, même si notre entente était plus comparable à un moulin et au poireau qu'à à un cul et une chemise. Mais cette relation débuta que plus tard (j'vous raconterais à l'occaz') vu que dans le cas présent, il m'apparut comme un de ces connards de rédempteurs dont le seul objectif était de me laver de l'alcool. J'en ai rencontré plein des comme ça. Ma plus grande peur était de céder à l'un d'entre eux.
"AVANT TOUTE CHOSE ! JE NE VEUX PAS DE VOTRE ARGENT, JE NE VEUX PAS DE VOS BEAUX DISCOURS ET SI JAMAIS VOUS ENVISAGEZ DE M'AGRESSER SEXUELLEMENT COMME TOUT BON PRETRE QUI SE RESPECTE, JE VOUS SUGGERE DE ME LE DIRE AVANT. Je saurais peut-être accepter votre proposition ♥"
Bah écoutez. Depuis mon départ de chez moi, ma sœur me manquait cruellement, et vous savez pourquoi. Alors, même si le physique du bonhomme n'était pas très avantageux et qu'il était préférable que je vole sa bougie si je voulais m'enfoncer quoique ce soit dans le fion, il ne fallait négliger aucun possibilité. Cependant, après réflexion, je préférais annuler mes propos : c'est quand même ultra glauque de se faire un prêtre. Surtout si il me prenait pour gosse. On m'a toujours appris à ne pas aller faire des choses avec des hommes d'église. Cependant, je voyais dans ce type l'opportunité pour Joe de s'amuser un peu avec un simili d'homme. Je suis parfois très généreux et mon capitaine m'était bien sympathique : il était donc normal que je m'occupe de sa santé. Ne plus faire quoique ce soit depuis au moins 100 ans, ce n'était même plus une question de pulsions, c'était une question d'hygiène. J'allais donc m'approcher du prêtre pour lui proposer de littéralement purifier mon pote squelette quand celui-ci eut la bonne idée de débarquer.
Enfin... de débarquer.
- Alors alors, vous êtes qui vous ? Pas des méchants j'espère ! - Troy, fais pas le con ! Ils sont super dangereux, ils m'ont eu par surprise ! Tire-moi de là mon gars ! Et euh, toi le curé ou j'sais pas quoi, si tu peux donner un coup de main c'est pas de refus ! "Tirer quelqu'un d'aussi loin, c'est difficile. Tiens d'ailleurs à ce propos, j'ai un type à te présenter. Et aussi, faut que tu me rembourse ma réserve de poudre, enfoiré."
Ah... Parler trop vite est l'une de mes principales qualités. Car en effet, si je m'étais retourné avant et que j'avais vu Joe ligoté au bide d'une autruche, autant vous dire que j'aurais tout de suite oublié mes idées de cadeau. Au moins, là, c'était fait. Mais ce n'était plus tout à fait d'actualité. Il est difficile de me surprendre. Mais le fait de voir ces étranges personnages -Joe n'étant probablement pas le plus bizarre de tous- m'a quelque peu étonné. Comment vous dire... Elles étaient douze. Les autruches. Et par-dessus, ils étaient douze. Les... humains?... qui semblaient les contrôler. Cela dit, ils commencèrent à danser de nouveau. Je restais relativement stoïque. Le groupe commença une danse bizarre qui m'inspira instantanément une musique jazzy et tordue au plus profond de moi. C'est pas que ça ne fonctionnait pas sur moi. Bien au contraire. Elle m'énervait profondément c'te musique. Ce qui, au lieu de me dandiner comme semblait le faire Joe malgré ses liens et ses cris qui me disaient de m'enfuir avant d'être hypnotisé à mon tour, me donna l'envie de commencer ma dernière bouteille d'alcool. De la commencer seulement, parce que oui, messieurs, j'ai résisté. On ne gâche pas ainsi sa dernière amie. Mais ça ne m'empêcha pas d'engueuler le groupe d'abrutis en rose.
"Nan mais les gars. On vous a déjà expliqué le principe de la danse? La danse, c'est fait pour être cool. Vous nous faites du commercial là ! Y a une rythmique -toujours la même- dans vos courbettes, et elle ... Attends, c'est pas censé être Lion le musicien? Eh merde ! Connerie de partage de cerveaux. Je disais donc : EYH, BANDE DE CONS, AU LIEU DE DANSER COMME SI VOUS ETIEZ BOURRES, VOUS POUVEZ PAS M'EN FILER UN PEU DE VOTRE ALCOOL ?" "Ooooh... Tu n'aimes pas notre petite danse? Pourtant ton ami nous a adoré lui, hihi ♥ Et le petit gros à côté, il ne nous aime pas non plus? Rooooh, on va être obligé de vous faire de vilaines choses ♥" "Eyh Joe, t'es sérieux là? T'as bien aimé ce truc? P'tain, c'est cruel. En attendant, je vois que t'as pas mis trop de temps à ressortir. On est donc au complet. Donc on choppe de l'alcool et on s'taille. Mais si tu pouvais sortir de là, ça m'arrangerait. Les délires SM bizarres d'un squelette, ça suffit maintenant." "Ooooh, il est chou ! Mais je suis désolé de t'apprendre que si notre danse ne te plaît pas, toi tu nous plais beaucoup ♥ Alors tu vas être obligé de venir avec nous ♥"
Hostiles? Je vois. J'arrachais un bout de ma chemise assez conséquent avant de l'enfiler dans le goulot de ma bouteille d'alcool pur. Ce serait con de faire tomber une goutte maintenant. Et ce serait difficile sans rien pour la boucher. Car apparemment, ces connards ne voulaient pas me laisser partir tranquille. J'ai jamais demandé grand-chose moi. Mais encerclé comme on était, on ne pouvait pas espérer s'en sortir sans se battre un tant soit peu. Rahlala... Moi qu'aime pas ça. Je fouillais mes poches avant de trouver une cigarette. Ne pensez pas que je fume, non non. Mais ça peut servir dans certains cas, alors il m'arrive d'en piquer à Lion. Je regardais autour de moi à la recherche de quelque chose pour l'allumer. Je constatais avec plaisir que le feu qui jaillissait du sceptre du gros prêtre n'était pas éteint. J'allais donc plonger ma clope de fortune dans la flamme qui berçait le jardin, et éventuellement le bâton doré de mon compagnon de circonstance. Puis je me suis mis à bailler devant elle et resta quelques secondes ainsi. Puis, je revenais devant les autruches.
"Voyez-vous... S'il y a une chose qui m'insupporte plus que tout au monde, c'est bien le fait de perdre de l'alcool. Figurez-vous que ça m'est arrivé tout à l'heure et c'est loin de m'avoir plu. Aussi, je vais vous dire une chose. Dans toutes les possibilités qui s'offrent à moi, je perdrai ma dernière bouteille. Forcément. Aussi, j'vais vous raconter la p'tite histoire qui peut-être vous faire changer d'avis."
Je toussotais un peu, pour me racler la gorge. Je gardais derrière mon dos la fameuse bouteille qui me restait. Dans ma main gauche, je tenais la cigarette allumée que je n'avais encore jamais portée à la bouche. Je la tendis vers la douzaine de bonhommes, le côté fumant de celle-ci bien pointé vers le haut.
"J'avais un ami. Jean Henri, qu'il s'appelait. Il fumait, fumait et fumait encore. Il en est mort. Et, je ne vous le cache pas, je me suis carrément foutu de sa gueule pour ça. Cela dit, ça révèle quelque chose d'assez important. La cigarette est un outil dangereux. D'une part parce qu'elle détruit les poumons à petit feu. D'autre part parce qu'elle fonctionne de la même façon qu'une bougie. En posant une cigarette quelque part, on peut sans problème mettre le feu à quelque chose. J'ai un musicien avec des cheveux longs qui me l'a prouvé sur une île bizarre une fois. Avec une cigarette, il a mis le feu à une ville. Mais je vous rassure, je n'allumerais rien qui puisse faire brûler plus encore votre manoir."
Je lâchais alors la cigarette sur le sol et l'écrasais comme si de rien n'était.
"Cela dit. Avec une cigarette, on peut allumer bien des choses. Alors, je vous demande gentiment désormais de relâcher mon collègue et de nous laisser tranquille. Sinon vous verrez qu'au lieu de simplement foutre le feu, je vous ferais péter votre incompétence à la tête." "Huhuhu, petit pirate ! Tu te crois assez malin pour te débarrasser de nous facilement? Nous allons t'emmener loooooin des mers ♥ Résigne-toi !" "Raaaah, Joe... Tu fais chier à t'être foutu dans la merde !"
Si je m'adressais pas mal à ces putains de monteurs d'Autruche (avec un grand A), je peux vous le dire à vous aussi : perdre de l'alcool est probablement ce qui m'énervait le plus au monde. Mais dans le cas présent, je devais me résigner à aller jusqu'au bout de mes idées. Et je sortais la bouteille de derrière mon dos. Le tissu de ma chemise brûlait lentement et n'allait probablement pas tarder à toucher la substance alcoolisé. Je poussais un soupire déprimé. Je vis Joe me lancer un regard... vide. J'observais une à une les autruches. Une d'entre elle avait une sale gueule d'ailleurs. Je tournais un regard vers le gros type derrière moi. En principe, il ne devait pas être contre se débarrasser de l'alcool, de quelque manière que ce soit. Je fixais avec douleur le liquide qui habitait l'intérieur de la bouteille. Puis je lâchais la bouteille à mes pieds.
Laissant leur incompétence exploser.
Je détachais Joe calmement, malgré mes cheveux qui se barraient dans tous les sens, les brûlures au bas de mes jambes et la terre noircie qui colorait mon visage. Heureusement, j'avais protégé ma réserve de poudre. Et Joe semblait ne rien avoir subi. J'entendais toussoter à mes côtés. Les autruches et leurs chevaliers qui se remettaient tant bien que mal du souffle de l'explosion. J'avais bondit en avant après avoir lâché la bouteille, me sauvant de blessures plus graves. Mais si j'avais subit quelques dégâts durant l'assaut, je n'étais pas le seul. Les OURS étaient plutôt mal en point. Et j'avais au moins réussi à faire diversion. A partir de ce moment-là, je ne fis plus vraiment attention à ce que faisait le gros prêtre que j'avais plus ou moins mêlé à nos affaires de manière assez violente, au final. Puis je me relevais, m'époussetais calmement et tentait tant bien que mal de reprendre une position correcte, Joe désormais à mes côtés. En face, l'escouade reprenait elle aussi son souffle.
"Maurice ! Prend ton autruche et cours prévenir Clauster qu'on sera peut-être un peu plus long. Dis-lui qu'un de nos pirates s'est avéré très vilain et qu'il est temps qu'il en prenne pour son grade ♥"
Je me rattachais les cheveux et replaçais mon fusil tandis qu'une des 12 autruches du groupe s'éloignait à l'intérieur du manoir. Je me dressais droit face au reste de la bande, avant de jeter un coup d'œil en direction de Joe qui avait recoiffé son chapeau.
Sujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... Lun 16 Jan - 18:31
La conjuguaison est un instrument incroyable pour modeler son propos. Quoiqu'on soupçonne d'ordinaire cette matière de ne s'appliquer qu'aux simples verbes, elle peut également s'étendre à la vie d'un personnage. Ainsi, à l'imparfait, le verbe "Gronchubidard Mortiburner" se conjuguait "était quelqu'un de tolérant et de plutôt sympathique" quand son présent donnait : "est quelqu'un d'incroyablement sectaire et désagréable", le participe présent "Etant le possesseur du fruit du démon dit du 4ème mur" servant à faire le relais entre ces deux temps. Grace à la magie du conditionnel passé permettant de fantasmer un présent alternatif exempt du susdit participe présent, "Gronchubidard Mortiburner" aurait pu se décliner : "Aurait été quelqu'un de certes inintéressant mais à l’existence moins douloureuse" puisque le futur simple ne tardera pas à nous apprendre que sur le Royaume de Luvneel, il "sera bien amoché". Lorsqu'il s'agit de conjuguer la vie d'un personnage, seul son futur antérieur est invariable car, quel que soit le cas de figure il arrive à un moment ou à un autre qu'on dise de lui qu'il "aura été un grand aventurier". Sauf bien sur dans le cas du verbe "Joe Smoker" qui ne s'accorde pas à l'auxilliaire "aura" derrière le COD "Yomi Yomi". Enfin, si l'infinitif de tous les personnage se conjuguait "être", Gronchubidard Mortiburner, lui, était une exception puisqu'il se savait "ne pas être" quoique telle n'était pas la question.
Il y avait décidément quelque chose de pourri au royaume de Luvneel. Le déploiement d'absurdité incomparable d'extravagance qui s'était déroulé à vitesse grand V en prenant notre bonhomme à parti avait fait péter le cadran de son fictifomètre. Gronchubidard avait déjà assisté à des évènements dont l'incohérence crevait les yeux, mais jamais de cette ampleur, ni surtout à un tel rythme. Les dingueries se succédaient ou plus précisément se chevauchaient les unes les autres dans ce manoir. Une milice de cow-boy excentriques portés sur le rouge à lèvre montés sur des autruches chorégraphes avec ni plus ni moins qu'un squelette vivant flanqué d'une barbe histoire de couronner le tout. Et non content d'être vivant et barbu, ledit sac d'os parlait, ET IL LUI PARLAIT A LUI PAR DESSUS LE MARCHÉ ! Gronchubidard avait naturellement tendance à sortir de ses gonds lorsque on lui collait une incohérence juste sous le nez sans que personne ne s'en offusque, mais lorsqu'on la lui déversait en prime par paquet de 12 à dos d'autruche, il perdait ses moyens. Et quand, de surcroît, un squelette saucissonné à l'arrière d'une selle aménagée au dos de l'un de ces stupide volatile venait lui demander un coup de main comme une fleur, il devenait carrément désemparé.
- Ouais ... non ... 'fin ça colle pas. EYH, BANDE DE CONS. Nan, mais ... ouais, la y'a un PUTAINDE SQUELE...UN PEU DE VOTRE ALCOOL ... Nan puis merde, les autruches c'est un peu gr... Et le petit gros à côté, il ne nous aime pas non plus ? Non, euh ... non. TA GUEULE, T'EXISTE P...Tes délires SM bizarres, ça suffit maintenant. Ouais. Ca suffit, bien d'accord ... MAIS MERDE Y'A UN PUTAIN DE SQUELETTE JUSTE LA !!
C'était décourageant. A croire que cette bande de clowns s'était concertée au préalable pour définir le meilleur moyen de mettre la santé mentale de notre pauvre Prêcheur à rude épreuve. Les gus continuèrent à s'envoyer des piques à fleurets mouchetés pendant quelque temps jusqu'à ce que le type à l'air vaguement endormit, et finalement le moins fictif du tas, ne s'improvise un briquet du bougeoir. Gronchu ne moufta pas. Il n'avait plus vraiment la force de protester. Et c'était surtout parcequ'il avait l'intime conviction que, dans le cas contraire, personne ne l'aurait écouté, à l'image de ses tentatives d'interventions tantôt qui avaient due tomber dans 13 paires d'oreilles sourdes et deux cavités crâniennes ou quoique ce soit qui fasse office de tympans chez Joe Smöke. Là dessus, le type au nom de Troy (d'après le squelette. Mais peut-on vraiment accorder crédit à la parole d'un type pareil ?) se lança dans un speech que notre bonhomme prit grand soin de ne pas écouter (par revanchardise surtout) puis bazarda à ses pieds un cocktail artisanal qui explosa en embrasant une partie de la pelouse. Gronchu ne moufta pas beaucoup plus. Un pan de sa robe crottée à force de traîner par terre commença à prendre feu sans que l'odeur de roussi (et de sapin) ou que sa place de choix dans la perspective d'un barbecue humain ne l'affole outre mesure. L'odeur de gigot qu'on fait rôtir lui remonta alors dans le pif, en réveillant avec elle l’appétit du bonhomme et avec, un semblant d'énergie. Merde, mais c'était son gigot qu'on faisait cuir ! On avait beau dire, même fictif, le feu paraissait vachement réel quand il s'attaquait à vos fringue. La causalité narrative de l'histoire avait beau ne pas pouvoir vous tuer faute d'exister, il fallait avouer qu'elle faisait parfois vachement bien semblant.
"Oh mais merde, ça déconne plus là ! Beugla Gronchubidard comme pour se réveiller de la torpeur contemplative dans laquelle l'avait plongé la succession d'évènement improbables que l'auteur lui avait balancé en pleine tronche en quelques secondes. La dessus, le bonhomme commença à s'agiter frénétiquement en filant rageusement des coups de poing au feu qui rongeait le bas de sa robe dans l'espoir de le décourager, mais dont ne résultèrent que de nouvelles brûlures. Il avait beau se prétendre un cran au dessus des autres, la nature revenait au galop lorsqu'il s'agissait de réagir bêtement face à un danger de mort imminent. MAIS BORDEL, LÂCHE MOI OU J'TE ... Là dessus, il s'arrêta, s'étant subitement rappelé que le feu n'était pas un adversaire facilement intimidable. Une perle de sang froid lui permit alors de remarquer la présence d'un bassin situé un peu plus loin et au milieu duquel une fontaine en forme de petit gars moustachu crachait deux jets d'eau ininterrompu par les narines. Décidément, Clauster McBeasty ne faisait pas dans le léger en terme d'architecture à son effigie. Notre bonhomme claudiqua alors à cloche pied sur sa jambe encore intact vers ledit bassin ou il se jeta complètement. Après quelques secondes de pataugeage pour s'assurer de l'endiguement de l'incendie, le bonhomme réussit à s'extraire tant bien que mal compte tenu du poids de sa robe gorgé d'eau puis s'en retourna vers la zone d'incendie d'une progression lente rythmée du bruit significatif que font les pantoufles gonflées d'eau contre du carrelage. Chemin faisant il lâcha un coup d'oeil vers la zone ou les autruches, leurs cavaliers ,Troy et le squelette se faisaient face. Les premiers roussis, les autres indemnes.
"Merde de merde de colique en bocal !!" Lacha-il. Il le savait à présent. Ces deux guignols, comme en attestait leur chance insolente et leur incroyable culot étaient comme lui ; Des héros. Des individus gravitant au centre d'une histoire. Et ce qui faisait lâcher à Gronchu ce juron, c'était que leur histoire était entrée en collision avec la sienne. Les histoires sont comme des adolescents puceaux. Dès qu'elles entrent en contact, elle ne veulent plus se lâcher et feront tout, même en dépit du bon sens, pour se recroiser tôt ou tard. Et par procuration de celles-ci, les héros qui se croisaient finissaient immanquablement par se mettre sur la gueule ou devenir compagnons d'aventures - voir dans certains cas, les deux à la fois. Notre bonhomme prit donc ses jambes à son cou dans l'espoir de réussir à s'enfuir avant que la causalité narrative ne l'aiguille de nouveau, de gré ou de force vers ces deux guignols indécrottables. Peine perdu. Son histoire s'était déjà agrippée à celle de Joe et Troy comme un Bernard l'ermite à une coquille et ne comptait surement pas la lâcher de sitôt. Et, bien décidée à empêcher son Ulysse d'échapper à ses Pénélopes à barbe et aux moeurs légères, elle plaça sur sa route le métaphorique cyclope en la personne d'un certain Cardinal Amoddechénoux venu prêter main forte au baron Schmickeldräff à la tête d'une escouade de croisés de la Confédération des Prêcheurs, celle là même qui poursuivait Gronchubidard (ou, plus précisément ses 150 berrys de cotisation non payés) depuis bien longtemps.
"Ah ! lacha le Cardinal en voyant Gronchubidard leur foncer dessus (ou, plus précisément : tenter de fuir ce qui se trouvait derrière lui) Mais qui c'est celui là ? HALTE !! Ami ou ennemi ?!" "ÇA DÉPENDRA DE SI VOUS DÉGAGEZ OU PAS D'MON CHEMIN !!" Lui répondit la silhouette au loin sans ralentir. Là dessus, l'un des Confédéré, de sous les échymose parsemant son visage, eut un mouvement de panique non dissimulé. "Ah mais ... C'est lui ! C'est le Cuisinomancien !!" "HOSTIHIHIHIHIE !!!! Lacha Amoddéchénoux qui savait reconnaitre l'opportunité de faire d'une pierre deux coups. Là dessus, il tendit les bras devant lui comme stipulé dans le cahier des charges du méchant sûr de lui qui se donne de grands airs et hurla à l'adresse de notre héros. Je t'attendais, Gronchubidard Mortiburn ! Bien sur c'était un mensonge éhonté mais le Cardinal avait une réputation à tenir.
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Sujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées...
Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées...
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