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 Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées...

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Jie Aie Joe
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MessageSujet: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées...   Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... EmptyMer 4 Jan - 21:37

Qui sait ce qui se cache dans les profondeurs de la nuit ? Enfants, nous craignions les croquemitaines, les loups-garous et le serpent géant qui se cache dans les toilettes. Puis, ce furent les pédophiles au rire grinçant, les automobilistes phares éteints et le chien que ce connard de voisin a encore oublié d'enfermer pour la nuit. Pour finir avec les dealers, les fêtards bourrés et les témoins de Jéhovah. Tous ceux-là nous ont tellement effrayés que nous n'osions jamais mettre un pied dehors après les derniers rayons de soleil, transformant notre bravoure et notre impétuosité en ponctualité de Cendrillon effarouchée. Pourtant, ils n'étaient pas les plus à craindre. Si l'on cherche bien, quelque part dans ces ténèbres angoissantes, on peut déceler une multitude de cauchemars que vous n'oseriez même pas raconter au psychanalyste le plus aguerri. En réalité, la nuit nous rend bien service ; elle nous épargne la vue de noirceurs que nous ne pourrions supporter. Lorsque vous êtes dans votre lit, bien à l'abri, vous ne soupçonnez pas qu'il y a tant de choses néfastes qui rôdent au dehors. Les voyez-vous, ces navires qui s'approchent lentement du rivage ? L'entendez-vous, le glissement feutré de leurs coques de bois sur l'eau ? La sentez-vous, cette odeur de poix qui flotte autour des tonneaux entassés à l'arrière ? Vous ne vous doutez de rien, pauvres innocents que vous êtes...

♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠


Je l'avoue aujourd'hui, mais il était hors de question que je le fasse au moment présent : je pratiquais totalement la politique de l'autruche en refusant d'accepter que je ne trouverais pas cette cave à vin. Mais soudain, après ma tirade, j'entendais au loin pousser des cris d'orfraie. Résigné dans l'idée que je ne trouverais pas de cave à vin sans qu'on me l'indique, je retournais voir à l'entrée du manoir où m'attendait gentiment Boris qui tapotait du pied, action que je trouvais quand même vachement obsolète pour un soi-disant garde. Sans vraiment porter attention au reste de la bande, je m'approchais de Boris. Il faut croire que mon côté posé, contrairement aux deux autres andouilles m'avait apporté un semblant d'écoute chez l'homme en smoking qui semblait être l'exact inverse de la grosse Margaret qui, après avoir tout à l'heure réceptionné Joe, était parti à la poursuite de Lion.

"Et bien. Moi qui comptais partir vous poursuivre, voilà seulement une petite minute que vous êtes rentrés. Je n'ai même pas eu le temps d'aider le patron Clauster à remettre son chapeau que vous êtes déjà de retour. Vous avez croisé les barbares?"

Une minute? Ah. Ma notion du temps est quelque peu perturbée par l'alcool alors comprenez bien que cette minute m'avait paru vachement longue à l'époque. Mais du coup, ça expliquait totalement pourquoi le bonhomme ne m'avait pas poursuivi. Donc je n'étais pas bien vu, j'étais juste un putain d'impatient. Que voulez-vous, je ne suis pas une blanche colombe. C'est même un peu le contraire, mais passons.

"Si vous parlez de Lion, je crois qu'il s'est un peu plus enfoncé dans le manoir que moi. Mais sinon, pas vraiment non. Cela dit, est-ce que vous allez m'indiquer ou est cette foutue cave à vin?"
"Non, toujours pas. Du moins, pas sans contrepartie. Ces vautours se sont faufilés dans le manoir sans qu'on ait vraiment eu le temps de les arrêter. M'est avis qu'ils veulent s'en prendre à ce qui sera le surement le chant du cygne du baron. Je ne connais vraiment pas leurs intentions, mais ça ne m'étonnerait pas. Et je dois vous avouer que si le patron et Margaret aiment bien se trémousser pour faire bouger les choses... Si vous pouviez au moins dire à vos potes d'arrêter de foutre le bordel un peu plus, ça m'arrangerait. Vous êtes d'accord?"
"Hein? D'accord avec quoi? Avec vous? Bah nan, hé, couillon, j'suis un pirate."


Alors que Boris soupirait longuement avant de brandir ce qui semblait être un simple revolver vers mon visage, une bande de femmes faiblement vêtues -que je supposais être, enfin, les domestiques du coin- accoururent dans notre direction en hurlant au désastre. D'une parce qu'après s'être cachées des barbares, elles s'étaient toutes réfugiées dans la cave à vin, espace qui, selon ces dames, puait énormément. De deux, parce qu'apparemment un type qui portait une sympathique prime sur sa tête venait de débarquer dans la salle afin de briser tous les objets précieux ou non sur son passage tout en riant de manière inquiétante. Pendant que les demoiselles expliquaient à Boris pourquoi elles étaient parties comme une volée de moineaux de leur cachette et que celui-ci était acculé par les paires de seins, je me suis retiré dans le jardin avant de sortir du riche domaine.


Cette soirée-là, après avoir parlé de linotte, de pie, de corneille, de merle, de pinson, de chouette, de hibou, de paon, de colombe, de dindon, de grive, de vautour, de rossignol, d'autruche, de grue, de moineau, de cygne, d'alouette et d'orfraie, j'avais bien l'intention de ne plus entendre parler de drôles d'oiseaux pendant un bon bout de temps et de partir à la recherche d'un bar encore ouvert dans la ville. Mais alors que je me dirigeais vers celle-ci, je constatais qu'il ne fallait pas oublier Joe et Lion dans ce putain d'endroit. Et c'est au moment précis où je me retournais vers le jardin afin d'y attendre mon capitaine que j'avais l'impression qu'un corbeau avait été pris pour un putain de pigeon.
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Sam
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MessageSujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées...   Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... EmptyDim 8 Jan - 20:48



Il y a des positions qui ne sont clairement pas facile à tenir lorsque l'on martèle un discours de prophète illuminé de calibre de Gronchubidard. Et même avec la plus grande volonté du monde, on doit se résoudre à parfois emprunter des chemins de traverses qu'on pourrait taxer d'opportunisme voir de carrément mensongers pour déguiser une conduite ou un travers contradictoire à ses convictions. C'est par exemple le cas de notre bonhomme, tout bonnement incapable de dissimuler sa gloutonnerie face à une assiette de ragoût, même en les sachant (l'assiette et le ragoût) tout à fait fictif, et donc en théorie incapable de réveiller le moindre appétit. Mais voila, Gronchu' est un goinfre. Et la goinfrerie, à un certain stade, prend le pas sur la raison. On a beau savoir que le rôti que le tavernier nous amène n'existe pas, il n'en semble pas moins délicieux. Et notre prophète, pour camoufler cette faille dans le discours qu'il martelait à tord et à travers, avait réussi à trouver une parade devenue célèbre. Il n'était pas un goinfre, mais un grand spécialiste de cuisinomancie ! La cuisinomancie est une pratique divinatoire, variante de l'astrologie ou de la cristallomancie, et selon laquelle d'ordinaire la contemplation de la nourriture ou de la boisson, ou plus précisément de l'interprétation des motifs qu'elles forment permet (selon les ragots de mégères) de lire l'avenir dans une certaines mesure (une idée que Gronchu' savait en théorie impossible à moins d'être l'auteur). Et si la plupart des cuisinomanciens avaient une faiblesse pour les feuilles de thé, notre prophète, lui, prétendait pouvoir lire n'importe quel plat, et en particulier ceux qui auraient macérés dans du beurre (d'ou le "grand" dans "grands spécialiste de cuisinomancie") Enfin, le bonhomme avait réussit à pousser le vice jusqu'à convaincre les badauds que son aptitude ne passait pas tant par la contemplation du plat, mais par son ingestion pur et simple, si possible en grande quantité.


Gronchu' avait beau connaitre la crédulité de ses contemporains (à qui les ragots sur une tripotée de fruits donnant des pouvoirs surnaturel à qui les mange MAIS SURTOUT PAS PAR DEUX, ne faisait pas hausser un sourcil) mais en se lançant dans cette tromperie pour excuser ses travers pantagruéliques, il ne pensait sincèrement pas que les gens goberaient aussi facilement une fable si démesurément grotesque. Enfin, comble de la farce, notre bonhomme, à force de se goinfrer de tout et n'importe quoi, avait finit par se faire une sérieuse réputation de véritable cuisinomancien sans égal quand, de surcroit, il se contentait systématiquement d'improviser des prévisions génériques en les enrobant de salamalecs et en baissant le ton pour rendre l'artifice plus théâtral (de l'ordre du "Ce sandwich jambon-cornichon m'apprend que dans un futur-proche-mais-pas-trop-non-plus, une personne que tu connais peut être déjà perdra ses clefs." ou "Hmmm, ma chope de bière vide est formelle. Dans les minutes qui vont suivre, quelqu'un te commandera une autre tournée, tavernier." voir parfois "Ce poulet basquez m'indique qu'il serait bien meilleurs avec un peu plus de sauce.". Gronchubidard ne s'adonnait pas à cette supercherie par plaisir. D'abord parcequ'elle attirait bien trop l'attention sur lui pour des broutilles, ensuite parcequ'elle n'était pas très "héroïque" et tirait parfois sur une corde un peu grosse.


Mais l'estomac finissait toujours par prendre le dessus car Gronchubidard Mortiburn avait l'amour de la bouffe. Et l'idée d'en gaspiller, même une lichette lui était insupportable. Comprenez donc que lorsqu'il envoya voltiger son assiette de blanquette dans la tronche d'un missionnaire de la Confédération des Prêcheur venu, avec son escadron le dénicher dans l'auberge de Lunveel au beau milieu d'un repas, c'était que la situation n'offrait pas vraiment d'alternative. En revanche, il n'eut pas tant de mauvaise conscience en martelant deux autres fanatiques à grands coups de son fameux bougeoir. Et ce ne fut pas le scrupule qui l'étouffa lorsqu'il piétina ceux qui restaient en fondant vers la sortie, brandissant une table à bout de bras devant lui en guise de pavois. Le bonhomme était immunisé à tout cas de conscience lorsqu'il s'agissait de maltraiter des figurants car il savait tout bonnement que ceux ci n'interviendraient pas si ce n'étaient pour se prendre des branlées de temps à autre. Il arrivait que certains d'entre eux se relèvent et poursuivent le héros, mais c'était uniquement pour se faire dérouiller un peu plus loin. Gronchu' avait beau savoir que ces pauvres guignols n'avaient pas leur mot à dire quand à leur condition de sacs de frappe, il ne pouvaient s'empêcher de s'indigner à chaque fois qu'une nouvelle fournée d'entre eux lui mettait le grappin dessus en pensant sincèrement CETTE FOIS-CI réussir à l'attraper pour de bon.


"MAIS BORDEL, s'était-il mit soudainement à beugler de derrière sa table à l'égard du gros de l'escadron qui l'attendait de pied ferme face à l'auberge dont il était sortit sans encombre. VOUS VOUS DEMANDEZ JAMAIS COMMENT UN GROS PLEIN D'SOUPE COMME MOI ARRIVE A TOUS VOUS COLLER UNE GROSSE CHIÉE SANS TRANSPIRER UNE SEULE GOÛTE ?! Quelques grattements de têtes impromptues lui indiquèrent que les plus futés du lot s'étaient effectivement déjà posé la question sans être parvenu à y trouver une réponse qui n'heurtait pas leur amour-propre. SI J'POUVAIS PERDRE CONTRE VOUS, ÇA SERAIT ARRIVÉ DEPUIS BELLE-LURETTE !! SEULEMENT C'EST PAS POSSIBLE PARCE QU'ON EST DANS UNE PUTAIN D'HISTOIRE, QUE J'EN SUIS LE HÉROS, ET QUE VOUS EN ÊTES LES FAIRE-VALOIRS !" Devant les regards légèrement bovins de ses interlocuteurs, le bonhomme se calma un peu, lâcha son pavois de fortune (ce qui provoqua quelques tressaillement nerveux chez les plus impressionnables) et opta pour une approche plus pédagogique. 'Tendez que j'vous montre, Reprit-il en s'étirant les genoux. J'vous parie mes couilles que si j'pars en courants et que vous m'coursez ; de une vous serez pas foutu d'me rattraper alors que chuis clairement pas outillé pour la course de fond. Et de deux, sans qu'j'y puisse quoique ce soit, vous allez vous faire entarter la gueule n'importe comment."


Et sans crier gare, il décampa vers le seule repaire entrant dans son champ de vision : Une énorme enceinte surplombant la ville et vers laquelle semblaient converger quelques badauds à l'air intrigué. Apparemment surpris que le bonhomme mette en pratique le plan qu'il venait de leur détailler point par point, les missionnaires se lancèrent à sa poursuite, malgré les mises en gardes du bonhomme.
"Mais quelle bande de crétins ..." grommela Gronchu' dans sa barbe tout en progressant au petit trot vers ce qui s'apparentait de plus en plus à un manoir, ou n'importe quel nom qu'on pouvait donner à une très grosse maison pleine de décorations dispendieuses et de mauvais gout. A mesure que la poursuite s'étendait, et conformément aux prédictions du bonhomme, la meute de poursuivant perdait inlassablement du terrain sur leur cible qui, pourtant, continuait sa course sans se presser en jetant de temps à autre quelques coups d'oeil critiques sur les maisons à l'esthétique la plus discutable parmi celles qui bordaient la route. Alors que Gronchubidard atteignait l'enceinte du manoir, il se risqua à jeter un coup d'oeil derrière lui pour juger de la bonne tenue de ses prévisions. Les poursuivants semblaient noyés dans une foule de badauds s'étant intensifié en l'espace de quelques secondes si drastiquement que ça en semblait surréaliste. Notre héros s'arrêta alors pour reprendre son souffle et porta sa main à son front pour mieux apprécier le spectacle dont il soupçonnait fortement le déroulement à venir. D'abord quelques protestations fusèrent à l'égard des missionnaires qui semblaient avoir commencé à jouer du coude pour traverser la cohue. A cela, certains villageois plus sanguins avaient répondu en jouant, eux, du poing, si bien qu'au final, les pauvres émissaires de la Guilde devinrent la cible d'un lynchage qui sonnait comme l'épilogue des prévisions de Gronchubidard.


"BAH VOILA ! C'EST POURTANT PAS FAUTE DE VOUS AVOIR PRÉVENUS, BANDE DE MARIOLES !! Se mit-il à vociférer en portant ses mains à sa bouche en guise de mégaphone. LES HÉROS, ÇA SE FAIT JAMAIS CHOPER PAR DES CLOWNS DANS VOTRE GENRE !! CELA DIT, VU C'QUE VOUS ETES EN TRAIN DE PRENDRE, FAUT BIEN VOUS RAPPELER QUE LES CAILLOUX QUI VOUS MITRAILLENT, Y SONT FIC-TIF !! CEUX QUI LES JETTENT AUSSI, D'AILLEURS !! ET DANS LA FOULÉE, VOUS L'ETES TOUT AUTANT, SINON PLUS. PARCE QU’UNE CONNERIE DE CE CALIBRE, MOI J'PRÉFÈRE VOUS DIRE QUE C'EST SURRÉALISTE !!!"


La dessus, des échos de bruits de vaisselle qu'on casse résonnèrent derrière lui. Notre gus se retourna donc et tomba nez à nez avec un type flanqué d'une queue de cheval et d'un air placide et endormi confinant à l'abrutissement et que notre gus n'avait pas remarqué tantôt. Sans prendre le temps de réajuster le sonomètre de ses cordes vocales ni de baisser ses mains, il lui asséna une perspective d'otite carabinée


"ET TOI, C'EST PAS LA PEINE DE FAIRE LE MALIN !! TU M'AS L'AIR CARRÉMENT FICTIF COMME TYPE !!"



Dernière édition par Gronchubidard Mortiburn le Ven 27 Jan - 10:38, édité 1 fois
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Jie Aie Joe
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MessageSujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées...   Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... EmptySam 14 Jan - 21:50

Il y a des choses qui rendent un peu triste dans la vie. Oublier son parapluie avant un séjour de deux semaines au fin fond de la campagne bretonne. S'apercevoir que quelqu'un a déjà pris le petit jouet au fond de la boîte de céréales. Briser une vitre avec le ballon et être obligé d'interrompre le match pour fuir en courant, alors que putain y avait but ! Se faire larguer le jour de la mort tragique de ses parents, dont on apprend qu'ils n'étaient que des parents adoptifs, puisque les vrais géniteurs sont des clodos birmans nudistes qui se lavent à l'urine de bœuf, et qui tentent de vous faire des câlins de réconfort pendant que leur chien atteint de la rage adresse à vos fessiers un salut dentaire des plus douloureux (le tout filmé par votre désormais ex-fiancée qui se fera une joie de le diffuser largement par tous les moyens possibles, dont le mini-lecteur DVD généreusement parachuté dans la brousse zimbabwéenne). Ou alors se faire lâcher par ses deux compagnons de voyage alors que l'on vient d'entrer dans un lieu qui semble hostile sous tout rapport. Oui, ça rend un peu triste.

Voilà pourquoi Joe SmökE se tenait debout à l'entrée du manoir du baron Schmickeldräff, un peu dépassé par la tournure des événements et l'orbite légèrement humide. Pourquoi ? Pourquoi tant de solitude après un acte badass qui aurait dû lui ouvrir les portes de la reconnaissance et de la gloire éternelle s'il y avait eu une justice en ce bas-monde ? Pourquoi n'étaient-ils pas restés tous les trois de front, faisant face à l'adversité avec fierté et panache ? Pourquoi Lion l'avait-il jeté sur Clauster avant de s'esquiver en riant comme un dément ? Pourquoi Troy était-il parti en quête d'une cave à vins ? Pourquoi, mon Dieu pourquoi ses deux compagnons étaient-ils AUSSI CONS ?! Il restait là, hagard, bredouillant des
"Mais... mais enfin les gars... que personne n'entendait, évidemment. Une attitude plutôt dangereuse, puisqu'en sa qualité de personnage à taille ridicule, aigri par la vie qui a été injuste avec lui ("Désolé p'tiot, mais faut dépasser la barre rouge pour entrer dans le manège !"), Clauster MacBeasty était un vrai petit salopard, au sens propre du terme bien entendu. Ce trait de caractère ne tarda pas à se manifester, sous la forme d'une impulsion vers l'avant, bientôt suivie d'un petit poing qui n'en fut pas moins douloureux, puisqu'il se dirigea en droite ligne vers le coccyx de Joe. S'il s'attendait parfaitement à ce que le squelette tombe à genoux sous la douleur, il n'avait en revanche pas prévu d'avoir lui-même mal au poing suite à ce coup bas - toujours au sens propre du terme. Après tout, là où il avait frappé les gens ordinaires possèdent un truc plutôt mou dans ces circonstances, à moins d'être réellement aguiché par la grosse Margaret, ce qui serait particulièrement malsain (même pour un missionnaire qui tournerait aux chèvres depuis dix ans, ce qui n'est pas peu dire). Pendant que Joe, à quatre pattes, tapait du poing par terre en jurant, Clauster sautillait tout autour en secouant sa main endolorie et en jurant de plus belle ; une scène de combat qui avait au moins le mérite de l'originalité, puisqu'elle ne figurait dans aucun des standards classiques de l'affrontement épique. Le hall d'entrée du manoir, là où il aurait dû trembler sous une déferlante de coups à la puissance monstrueuse, ne vibrait qu'à cause de la voix des deux protagonistes, donnant quelque chose de ce goût-là :

- Ah putain l'enfoiré de connard de saloperie de brèle de merdouille de mes deux - que je n'ai plus, KHRRREHEHEHEHEHEHE - de pute de chiasse de nabot à la con !
- ME TRAITE PAS DE NABOT ! Enflure de pedzouille de clodo de salope de pourri de bordel de crevure de bachi-bouzouk de tas d'os vilain pas beau !
- Vilain pas beau ? C'est tout c'qu'on a dans le ventre chez les lilliputiens ? KHRRREHEHEHEHEHEHE !
- Tu dois pas avoir tellement plus, p'tite connasse de fripouille ! ET PUIS D'ABORD T'AS MÊME PAS DE VENTRE !
- C'était MA blague, Tom Pouce !
- Je m'appelle CLAUSTER, ducon !
- EH BAH JE DOIS ÊTRE CLAUSTEROPHOBE ALORS, PARCE QUE TA GUEULE DE NAIN ME REVIENT CARRÉMENT PAS !


Sur ce bon mot, Joe se releva et défourailla son épée, fermement décidé à en mettre plein la gueule à cet enfoiré de nain. Franchement, ces gens-là devraient se contenter de compter les clés de Fort Boyard, ou à la rigueur tourner dans des téléfilms où ils claquent des doigts pour faire des trucs magiques... mais en aucun cas se mêler de la sécurité d'un manoir que Joe SmökE est fermement décidé à piller. Et cela, qu'il soit accompagné ou non par ses subordonnés. Le capitaine pointa son arme en direction de Clauster, qui avait lui-même coiffé ses poings de deux sortes de boules métalliques, formant des gants de boxe particulièrement avancés dans le domaine de la tricherie sportive et, accessoirement, de la létalité. Les deux adversaires se fixaient, guettant chacun chez l'autre le signe qui annoncerait le début des hostilités, crispation des muscles de la mâchoire, variation du regard, froncement de sourcils - enfin, pour être plus exact, Joe guettait ces signes chez Clauster, qui lui-même plissait les yeux d'un air averti devant une fourmi qui escaladait le manteau du pirate, faute de pouvoir distinguer quoi que ce soit sur ce visage inexpressif de squelette. Et c'est alors, lorsque la tension était à son comble, au moment précis où le capitaine allait se précipiter sur ce connard de nabot... qu'un concert de voix au loin l'arrêta net.

- Donnez-moi uuuun... O !
- Oh putain de corneguidouille... La situation est donc si désespérée ?!
- Hein ? De quoi tu parles le lutin ?
- Donnez-moi uuuun... U !
- Ils arrivent... On ne fait appel à eux qu'en cas d'urgence habituellement... La vie du baron doit être en danger !
- Mais qui, "ils" ? C'est des forces spéciales, ou j'sais pas quoi ?
- Donnez-moi uuuun... R !
- Oui... De vrais malades mentaux, ils passent toute l'année dans un night-club où on les nourrit à la viande crue et au sucre d'orge... On les appelle...
- Bah vas-y crache le morceau !
- Donnez-moi uuun... S !
- On les appelle OURS !
- OURS ?
- YAY C'EST NOUS ! OSTRICH ULTIMATE RIDERS SQUAD ! ON EST DANS LA PLACE, TOI MÊME TU SAIS ! ♥



"Je t'arrête tout de suite, ce n'est pas mon problème."

Sans parler ni même de nouveau croiser son regard, il s'approcha des habits que la femme lui avait préparés. Original était le mot. Une tenue qui avait plus l'allure d'une armure que d'autre chose. Lion l'analysa quelques secondes sans bouger, et son regard balaya ensuite rapidement la pièce. Il remarqua un paquet de cigarettes neuf posé sur la table à l'entrée, un placard qu'on avait oublié de fermer et qui vomissait des habits de ville divers et variés, et un tableau accroché en évidence. Il s'y contraint. Il plaqua et arma ses protèges tibias, il enfila et resserra son plastron, et il accrocha la cape qui finissait ce qu'on suspectait être un uniforme réglementaire d'un général d'armée. Un costume fait pour partir en croisade. La femme semblait hésitante, elle savait pertinemment ce que représentait sa demande ; tout comme elle savait que Lion avait compris ses idées et l'avait refusé. Pourtant, après plusieurs bafouillages timides, elle se jeta à l'eau comme une gamine qui sait qu'elle a fait une bêtise mais ne trouve pas comment la formuler.


"Alors j'avais dans l'idée... Tu sais que... peut être tu pourrais... vu l'agitation qui règne là bas... aller la... récupérer..."

Lion ne s'était pas arrêté, et à l'instant même où il fut habillé il se mit en direction de la porte. Il prit le paquet de cigarettes qu'il savait pour lui, ouvrit la porte, fit et un pas et...


"Ta soeur ne connaissait pas un certain Lion Froussard ?"

"Si pourquoi...?"


...et partit en croisade.


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Rock
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MessageSujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées...   Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... EmptyDim 15 Jan - 22:17

"EH BAH TOI TU M'AS L'AIR SACREMENT CON !"

Il est important de préciser que je ne savais jusqu'alors pas ce que signifiait le mot fictif. Mais par principe, quand quelqu'un vous gueule dessus, en Capslock qui plus est, il est préférable de rétorquer rapidement de la même manière. D'une parce que ça a souvent le mérite de faire taire le bonhomme, de deux parce qu'on ne crie jamais assez. Alors bon. Cela dit, alors que je me retournais vers cet étrange vieillard (qui portait un tout aussi étrange bâton-bougie), je constatais qu'il avait une putain de bonne gueule. Ouais, il y a des gens qu'on des bonnes gueules. La vie, c'est comme ça qu'elle se décide : y a des gens, tu sais au moment où tu les vois, tu sais que tu peux t'entendre comme cul et chemise avec eux. Gronchubidard Mortiburn était un de ceux-là, même si notre entente était plus comparable à un moulin et au poireau qu'à à un cul et une chemise. Mais cette relation débuta que plus tard (j'vous raconterais à l'occaz') vu que dans le cas présent, il m'apparut comme un de ces connards de rédempteurs dont le seul objectif était de me laver de l'alcool. J'en ai rencontré plein des comme ça. Ma plus grande peur était de céder à l'un d'entre eux.

"AVANT TOUTE CHOSE ! JE NE VEUX PAS DE VOTRE ARGENT, JE NE VEUX PAS DE VOS BEAUX DISCOURS ET SI JAMAIS VOUS ENVISAGEZ DE M'AGRESSER SEXUELLEMENT COMME TOUT BON PRETRE QUI SE RESPECTE, JE VOUS SUGGERE DE ME LE DIRE AVANT. Je saurais peut-être accepter votre proposition ♥"

Bah écoutez. Depuis mon départ de chez moi, ma sœur me manquait cruellement, et vous savez pourquoi. Alors, même si le physique du bonhomme n'était pas très avantageux et qu'il était préférable que je vole sa bougie si je voulais m'enfoncer quoique ce soit dans le fion, il ne fallait négliger aucun possibilité. Cependant, après réflexion, je préférais annuler mes propos : c'est quand même ultra glauque de se faire un prêtre. Surtout si il me prenait pour gosse. On m'a toujours appris à ne pas aller faire des choses avec des hommes d'église. Cependant, je voyais dans ce type l'opportunité pour Joe de s'amuser un peu avec un simili d'homme. Je suis parfois très généreux et mon capitaine m'était bien sympathique : il était donc normal que je m'occupe de sa santé. Ne plus faire quoique ce soit depuis au moins 100 ans, ce n'était même plus une question de pulsions, c'était une question d'hygiène. J'allais donc m'approcher du prêtre pour lui proposer de littéralement purifier mon pote squelette quand celui-ci eut la bonne idée de débarquer.

Enfin... de débarquer.

- Alors alors, vous êtes qui vous ? Pas des méchants j'espère !
- Troy, fais pas le con ! Ils sont super dangereux, ils m'ont eu par surprise ! Tire-moi de là mon gars ! Et euh, toi le curé ou j'sais pas quoi, si tu peux donner un coup de main c'est pas de refus !
"Tirer quelqu'un d'aussi loin, c'est difficile. Tiens d'ailleurs à ce propos, j'ai un type à te présenter. Et aussi, faut que tu me rembourse ma réserve de poudre, enfoiré."


Ah... Parler trop vite est l'une de mes principales qualités. Car en effet, si je m'étais retourné avant et que j'avais vu Joe ligoté au bide d'une autruche, autant vous dire que j'aurais tout de suite oublié mes idées de cadeau. Au moins, là, c'était fait. Mais ce n'était plus tout à fait d'actualité. Il est difficile de me surprendre. Mais le fait de voir ces étranges personnages -Joe n'étant probablement pas le plus bizarre de tous- m'a quelque peu étonné. Comment vous dire... Elles étaient douze. Les autruches. Et par-dessus, ils étaient douze. Les... humains?... qui semblaient les contrôler. Cela dit, ils commencèrent à danser de nouveau. Je restais relativement stoïque. Le groupe commença une danse bizarre qui m'inspira instantanément une musique jazzy et tordue au plus profond de moi. C'est pas que ça ne fonctionnait pas sur moi. Bien au contraire. Elle m'énervait profondément c'te musique. Ce qui, au lieu de me dandiner comme semblait le faire Joe malgré ses liens et ses cris qui me disaient de m'enfuir avant d'être hypnotisé à mon tour, me donna l'envie de commencer ma dernière bouteille d'alcool. De la commencer seulement, parce que oui, messieurs, j'ai résisté. On ne gâche pas ainsi sa dernière amie. Mais ça ne m'empêcha pas d'engueuler le groupe d'abrutis en rose.

"Nan mais les gars. On vous a déjà expliqué le principe de la danse? La danse, c'est fait pour être cool. Vous nous faites du commercial là ! Y a une rythmique -toujours la même- dans vos courbettes, et elle ... Attends, c'est pas censé être Lion le musicien? Eh merde ! Connerie de partage de cerveaux. Je disais donc : EYH, BANDE DE CONS, AU LIEU DE DANSER COMME SI VOUS ETIEZ BOURRES, VOUS POUVEZ PAS M'EN FILER UN PEU DE VOTRE ALCOOL ?"
"Ooooh... Tu n'aimes pas notre petite danse? Pourtant ton ami nous a adoré lui, hihi ♥ Et le petit gros à côté, il ne nous aime pas non plus? Rooooh, on va être obligé de vous faire de vilaines choses ♥"
"Eyh Joe, t'es sérieux là? T'as bien aimé ce truc? P'tain, c'est cruel. En attendant, je vois que t'as pas mis trop de temps à ressortir. On est donc au complet. Donc on choppe de l'alcool et on s'taille. Mais si tu pouvais sortir de là, ça m'arrangerait. Les délires SM bizarres d'un squelette, ça suffit maintenant."
"Ooooh, il est chou ! Mais je suis désolé de t'apprendre que si notre danse ne te plaît pas, toi tu nous plais beaucoup ♥ Alors tu vas être obligé de venir avec nous ♥"


Hostiles? Je vois. J'arrachais un bout de ma chemise assez conséquent avant de l'enfiler dans le goulot de ma bouteille d'alcool pur. Ce serait con de faire tomber une goutte maintenant. Et ce serait difficile sans rien pour la boucher. Car apparemment, ces connards ne voulaient pas me laisser partir tranquille. J'ai jamais demandé grand-chose moi. Mais encerclé comme on était, on ne pouvait pas espérer s'en sortir sans se battre un tant soit peu. Rahlala... Moi qu'aime pas ça. Je fouillais mes poches avant de trouver une cigarette. Ne pensez pas que je fume, non non. Mais ça peut servir dans certains cas, alors il m'arrive d'en piquer à Lion. Je regardais autour de moi à la recherche de quelque chose pour l'allumer. Je constatais avec plaisir que le feu qui jaillissait du sceptre du gros prêtre n'était pas éteint. J'allais donc plonger ma clope de fortune dans la flamme qui berçait le jardin, et éventuellement le bâton doré de mon compagnon de circonstance. Puis je me suis mis à bailler devant elle et resta quelques secondes ainsi. Puis, je revenais devant les autruches.

"Voyez-vous... S'il y a une chose qui m'insupporte plus que tout au monde, c'est bien le fait de perdre de l'alcool. Figurez-vous que ça m'est arrivé tout à l'heure et c'est loin de m'avoir plu. Aussi, je vais vous dire une chose. Dans toutes les possibilités qui s'offrent à moi, je perdrai ma dernière bouteille. Forcément. Aussi, j'vais vous raconter la p'tite histoire qui peut-être vous faire changer d'avis."

Je toussotais un peu, pour me racler la gorge. Je gardais derrière mon dos la fameuse bouteille qui me restait. Dans ma main gauche, je tenais la cigarette allumée que je n'avais encore jamais portée à la bouche. Je la tendis vers la douzaine de bonhommes, le côté fumant de celle-ci bien pointé vers le haut.

"J'avais un ami. Jean Henri, qu'il s'appelait. Il fumait, fumait et fumait encore. Il en est mort. Et, je ne vous le cache pas, je me suis carrément foutu de sa gueule pour ça. Cela dit, ça révèle quelque chose d'assez important. La cigarette est un outil dangereux. D'une part parce qu'elle détruit les poumons à petit feu. D'autre part parce qu'elle fonctionne de la même façon qu'une bougie. En posant une cigarette quelque part, on peut sans problème mettre le feu à quelque chose. J'ai un musicien avec des cheveux longs qui me l'a prouvé sur une île bizarre une fois. Avec une cigarette, il a mis le feu à une ville. Mais je vous rassure, je n'allumerais rien qui puisse faire brûler plus encore votre manoir."

Je lâchais alors la cigarette sur le sol et l'écrasais comme si de rien n'était.

"Cela dit. Avec une cigarette, on peut allumer bien des choses. Alors, je vous demande gentiment désormais de relâcher mon collègue et de nous laisser tranquille. Sinon vous verrez qu'au lieu de simplement foutre le feu, je vous ferais péter votre incompétence à la tête."
"Huhuhu, petit pirate ! Tu te crois assez malin pour te débarrasser de nous facilement? Nous allons t'emmener loooooin des mers ♥ Résigne-toi !"
"Raaaah, Joe... Tu fais chier à t'être foutu dans la merde !"


Si je m'adressais pas mal à ces putains de monteurs d'Autruche (avec un grand A), je peux vous le dire à vous aussi : perdre de l'alcool est probablement ce qui m'énervait le plus au monde. Mais dans le cas présent, je devais me résigner à aller jusqu'au bout de mes idées. Et je sortais la bouteille de derrière mon dos. Le tissu de ma chemise brûlait lentement et n'allait probablement pas tarder à toucher la substance alcoolisé. Je poussais un soupire déprimé. Je vis Joe me lancer un regard... vide. J'observais une à une les autruches. Une d'entre elle avait une sale gueule d'ailleurs. Je tournais un regard vers le gros type derrière moi. En principe, il ne devait pas être contre se débarrasser de l'alcool, de quelque manière que ce soit. Je fixais avec douleur le liquide qui habitait l'intérieur de la bouteille. Puis je lâchais la bouteille à mes pieds.

Laissant leur incompétence exploser.

Je détachais Joe calmement, malgré mes cheveux qui se barraient dans tous les sens, les brûlures au bas de mes jambes et la terre noircie qui colorait mon visage. Heureusement, j'avais protégé ma réserve de poudre. Et Joe semblait ne rien avoir subi. J'entendais toussoter à mes côtés. Les autruches et leurs chevaliers qui se remettaient tant bien que mal du souffle de l'explosion. J'avais bondit en avant après avoir lâché la bouteille, me sauvant de blessures plus graves. Mais si j'avais subit quelques dégâts durant l'assaut, je n'étais pas le seul. Les OURS étaient plutôt mal en point. Et j'avais au moins réussi à faire diversion. A partir de ce moment-là, je ne fis plus vraiment attention à ce que faisait le gros prêtre que j'avais plus ou moins mêlé à nos affaires de manière assez violente, au final. Puis je me relevais, m'époussetais calmement et tentait tant bien que mal de reprendre une position correcte, Joe désormais à mes côtés. En face, l'escouade reprenait elle aussi son souffle.

"Maurice ! Prend ton autruche et cours prévenir Clauster qu'on sera peut-être un peu plus long. Dis-lui qu'un de nos pirates s'est avéré très vilain et qu'il est temps qu'il en prenne pour son grade ♥"

Je me rattachais les cheveux et replaçais mon fusil tandis qu'une des 12 autruches du groupe s'éloignait à l'intérieur du manoir. Je me dressais droit face au reste de la bande, avant de jeter un coup d'œil en direction de Joe qui avait recoiffé son chapeau.

"Du coup Cap'tain, tu m'dois une bouteille."

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Sam
Empereur pirate
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MessageSujet: Re: Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées...   Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... EmptyLun 16 Jan - 18:31

La conjuguaison est un instrument incroyable pour modeler son propos. Quoiqu'on soupçonne d'ordinaire cette matière de ne s'appliquer qu'aux simples verbes, elle peut également s'étendre à la vie d'un personnage. Ainsi, à l'imparfait, le verbe "Gronchubidard Mortiburner" se conjuguait "était quelqu'un de tolérant et de plutôt sympathique" quand son présent donnait : "est quelqu'un d'incroyablement sectaire et désagréable", le participe présent "Etant le possesseur du fruit du démon dit du 4ème mur" servant à faire le relais entre ces deux temps. Grace à la magie du conditionnel passé permettant de fantasmer un présent alternatif exempt du susdit participe présent, "Gronchubidard Mortiburner" aurait pu se décliner : "Aurait été quelqu'un de certes inintéressant mais à l’existence moins douloureuse" puisque le futur simple ne tardera pas à nous apprendre que sur le Royaume de Luvneel, il "sera bien amoché". Lorsqu'il s'agit de conjuguer la vie d'un personnage, seul son futur antérieur est invariable car, quel que soit le cas de figure il arrive à un moment ou à un autre qu'on dise de lui qu'il "aura été un grand aventurier". Sauf bien sur dans le cas du verbe "Joe Smoker" qui ne s'accorde pas à l'auxilliaire "aura" derrière le COD "Yomi Yomi". Enfin, si l'infinitif de tous les personnage se conjuguait "être", Gronchubidard Mortiburner, lui, était une exception puisqu'il se savait "ne pas être" quoique telle n'était pas la question.


Il y avait décidément quelque chose de pourri au royaume de Luvneel. Le déploiement d'absurdité incomparable d'extravagance qui s'était déroulé à vitesse grand V en prenant notre bonhomme à parti avait fait péter le cadran de son fictifomètre. Gronchubidard avait déjà assisté à des évènements dont l'incohérence crevait les yeux, mais jamais de cette ampleur, ni surtout à un tel rythme. Les dingueries se succédaient ou plus précisément se chevauchaient les unes les autres dans ce manoir. Une milice de cow-boy excentriques portés sur le rouge à lèvre montés sur des autruches chorégraphes avec ni plus ni moins qu'un squelette vivant flanqué d'une barbe histoire de couronner le tout. Et non content d'être vivant et barbu, ledit sac d'os parlait, ET IL LUI PARLAIT A LUI PAR DESSUS LE MARCHÉ ! Gronchubidard avait naturellement tendance à sortir de ses gonds lorsque on lui collait une incohérence juste sous le nez sans que personne ne s'en offusque, mais lorsqu'on la lui déversait en prime par paquet de 12 à dos d'autruche, il perdait ses moyens. Et quand, de surcroît, un squelette saucissonné à l'arrière d'une selle aménagée au dos de l'un de ces stupide volatile venait lui demander un coup de main comme une fleur, il devenait carrément désemparé.


- Ouais ... non ... 'fin ça colle pas. EYH, BANDE DE CONS. Nan, mais ... ouais, la y'a un PUTAIN DE SQUELE...UN PEU DE VOTRE ALCOOL ... Nan puis merde, les autruches c'est un peu gr... Et le petit gros à côté, il ne nous aime pas non plus ? Non, euh ... non. TA GUEULE, T'EXISTE P...Tes délires SM bizarres, ça suffit maintenant. Ouais. Ca suffit, bien d'accord ... MAIS MERDE Y'A UN PUTAIN DE SQUELETTE JUSTE LA !!


C'était décourageant. A croire que cette bande de clowns s'était concertée au préalable pour définir le meilleur moyen de mettre la santé mentale de notre pauvre Prêcheur à rude épreuve. Les gus continuèrent à s'envoyer des piques à fleurets mouchetés pendant quelque temps jusqu'à ce que le type à l'air vaguement endormit, et finalement le moins fictif du tas, ne s'improvise un briquet du bougeoir. Gronchu ne moufta pas. Il n'avait plus vraiment la force de protester. Et c'était surtout parcequ'il avait l'intime conviction que, dans le cas contraire, personne ne l'aurait écouté, à l'image de ses tentatives d'interventions tantôt qui avaient due tomber dans 13 paires d'oreilles sourdes et deux cavités crâniennes ou quoique ce soit qui fasse office de tympans chez Joe Smöke. Là dessus, le type au nom de Troy (d'après le squelette. Mais peut-on vraiment accorder crédit à la parole d'un type pareil ?) se lança dans un speech que notre bonhomme prit grand soin de ne pas écouter (par revanchardise surtout) puis bazarda à ses pieds un cocktail artisanal qui explosa en embrasant une partie de la pelouse. Gronchu ne moufta pas beaucoup plus. Un pan de sa robe crottée à force de traîner par terre commença à prendre feu sans que l'odeur de roussi (et de sapin) ou que sa place de choix dans la perspective d'un barbecue humain ne l'affole outre mesure. L'odeur de gigot qu'on fait rôtir lui remonta alors dans le pif, en réveillant avec elle l’appétit du bonhomme et avec, un semblant d'énergie. Merde, mais c'était son gigot qu'on faisait cuir ! On avait beau dire, même fictif, le feu paraissait vachement réel quand il s'attaquait à vos fringue. La causalité narrative de l'histoire avait beau ne pas pouvoir vous tuer faute d'exister, il fallait avouer qu'elle faisait parfois vachement bien semblant.


"Oh mais merde, ça déconne plus là ! Beugla Gronchubidard comme pour se réveiller de la torpeur contemplative dans laquelle l'avait plongé la succession d'évènement improbables que l'auteur lui avait balancé en pleine tronche en quelques secondes. La dessus, le bonhomme commença à s'agiter frénétiquement en filant rageusement des coups de poing au feu qui rongeait le bas de sa robe dans l'espoir de le décourager, mais dont ne résultèrent que de nouvelles brûlures. Il avait beau se prétendre un cran au dessus des autres, la nature revenait au galop lorsqu'il s'agissait de réagir bêtement face à un danger de mort imminent. MAIS BORDEL, LÂCHE MOI OU J'TE ... Là dessus, il s'arrêta, s'étant subitement rappelé que le feu n'était pas un adversaire facilement intimidable. Une perle de sang froid lui permit alors de remarquer la présence d'un bassin situé un peu plus loin et au milieu duquel une fontaine en forme de petit gars moustachu crachait deux jets d'eau ininterrompu par les narines. Décidément, Clauster McBeasty ne faisait pas dans le léger en terme d'architecture à son effigie. Notre bonhomme claudiqua alors à cloche pied sur sa jambe encore intact vers ledit bassin ou il se jeta complètement. Après quelques secondes de pataugeage pour s'assurer de l'endiguement de l'incendie, le bonhomme réussit à s'extraire tant bien que mal compte tenu du poids de sa robe gorgé d'eau puis s'en retourna vers la zone d'incendie d'une progression lente rythmée du bruit significatif que font les pantoufles gonflées d'eau contre du carrelage. Chemin faisant il lâcha un coup d'oeil vers la zone ou les autruches, leurs cavaliers ,Troy et le squelette se faisaient face. Les premiers roussis, les autres indemnes.


"Merde de merde de colique en bocal !!" Lacha-il. Il le savait à présent. Ces deux guignols, comme en attestait leur chance insolente et leur incroyable culot étaient comme lui ; Des héros. Des individus gravitant au centre d'une histoire. Et ce qui faisait lâcher à Gronchu ce juron, c'était que leur histoire était entrée en collision avec la sienne. Les histoires sont comme des adolescents puceaux. Dès qu'elles entrent en contact, elle ne veulent plus se lâcher et feront tout, même en dépit du bon sens, pour se recroiser tôt ou tard. Et par procuration de celles-ci, les héros qui se croisaient finissaient immanquablement par se mettre sur la gueule ou devenir compagnons d'aventures - voir dans certains cas, les deux à la fois. Notre bonhomme prit donc ses jambes à son cou dans l'espoir de réussir à s'enfuir avant que la causalité narrative ne l'aiguille de nouveau, de gré ou de force vers ces deux guignols indécrottables. Peine perdu. Son histoire s'était déjà agrippée à celle de Joe et Troy comme un Bernard l'ermite à une coquille et ne comptait surement pas la lâcher de sitôt. Et, bien décidée à empêcher son Ulysse d'échapper à ses Pénélopes à barbe et aux moeurs légères, elle plaça sur sa route le métaphorique cyclope en la personne d'un certain Cardinal Amoddechénoux venu prêter main forte au baron Schmickeldräff à la tête d'une escouade de croisés de la Confédération des Prêcheurs, celle là même qui poursuivait Gronchubidard (ou, plus précisément ses 150 berrys de cotisation non payés) depuis bien longtemps.


      Bagarre générale sur son lit de flammes endiablées... FERD_Lekain
      "Ah ! lacha le Cardinal en voyant Gronchubidard leur foncer dessus (ou, plus précisément : tenter de fuir ce qui se trouvait derrière lui) Mais qui c'est celui là ? HALTE !! Ami ou ennemi ?!"
      "ÇA DÉPENDRA DE SI VOUS DÉGAGEZ OU PAS D'MON CHEMIN !!" Lui répondit la silhouette au loin sans ralentir.
      Là dessus, l'un des Confédéré, de sous les échymose parsemant son visage, eut un mouvement de panique non dissimulé. "Ah mais ... C'est lui ! C'est le Cuisinomancien !!"
      "HOSTIHIHIHIHIE !!!! Lacha Amoddéchénoux qui savait reconnaitre l'opportunité de faire d'une pierre deux coups. Là dessus, il tendit les bras devant lui comme stipulé dans le cahier des charges du méchant sûr de lui qui se donne de grands airs et hurla à l'adresse de notre héros. Je t'attendais, Gronchubidard Mortiburn !
      Bien sur c'était un mensonge éhonté mais le Cardinal avait une réputation à tenir.


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