«Sea, sex and... Snow ?»

GLACIAL !


Feat Francis Troy

« Dommage. »

Hum, finalement, elle n’avait même pas eu besoin de faire quoique ce soit pour se débarrasser de cette bande d’abrutis finis. Son charmant compagnon c’était fait le plaisir de boire un coup, ce qui avait dû lui manquer étant donné qu’il est un sacré ivrogne. Il montra aussi au passage qu’il était un grand vilain pirate qui n’avait pas pu s’exprimer correctement depuis un bail. Concrètement il se soulageait tranquillement, ce qui devait sans aucun doute lui faire du bien. Et la manière qu’il avait eu de l’attirer à elle pour marquer un semblant de propriété face à ces débiles lui avait donné envie de s’offrir de nouveau à lui. Et puis, même si elle n’avait rien à craindre d’eux, c’était tout de même amusant de le voir la défendre sans raison, mais bon, faudrait qu’il arrête de la croire si faible que ça, c’était vexant…
Elle le regarda donc joyeusement massacrer le ridicule chef de bande et faire peur à ses compatriotes en les regardant, abandonnant leur supérieur pour s’enfuir loin d’ici. Au moins le problème devrait être définitivement réglé si elle coinçait le coupable principal. C’était vraiment une bonne journée et c’était dommage qu’elle soit terminée, surtout qu’il s’apprêtait vraiment à repartir, il s’était rhabiller un minimum et s’était réarmé sans prévoir de s’éterniser un peu plus longtemps. Il ricana, se moquant un peu d’elle, comme s’il fallait encore qu’il y ait une dette entre eux pour qu’il se retrouve dans une chambre, close, juste tous les deux, comme si avec ça, c’est-à-dire tout à fait n’importe quoi, elle allait s’offrir à lui aussi facilement ? C’était beaucoup trop. Peu.

Mais ses lèvres, cette manière qu’il avait de s’abandonner quand il l’embrassait… Adora s’était plaquée contre lui en espérant que ce baiser ne finirait jamais, qu’ils ne parviendraient pas à retrouver leur souffle et qu’ils mourraient ainsi, stupidement sans que personne puisse expliquer la cause de leur mort. Au moins il n’était pas encore sorti, il était prêt à sortir, mais il ne l’avait pas encore fait. La belle ignora un instant sa remarquer moqueuse et prometteuse pour finir de se revêtir, enfilant doucement ses bas. Elle aurait froid une fois dehors après avoir passer autant de temps contre sa chaleur. Et cela la ferait penser à lui…
Tant pis.

Elle finit donc de se revêtir complètement avant de le rejoindre, s’installant contre lui et debout entre ses jambes écartées. Elle lui sourit doucement, réclamant un nouveau baiser que finalement elle lui déroba, impatiente qu’elle était de retrouver encore une fois ses lèvres. Elle le serra dans ses bras et il finit coincé dans sa poitrine, probablement à son plus grand plaisir, mais ça, on ne le dit pas non plus.
Dernier élan de tendresse qu’elle devait s’autoriser… Probablement pas le dernier en fait.

Adora : « C’est plutôt toi qui vas m’en devoir une de dette… »

Elle le plaqua violemment contre le lit, même si c’est dur de plaquer violemment sur un lit aussi mou. Elle sortit une lame de sa manche, en se rhabillant elle s’était réarmée elle aussi, elle n’avait désormais aucun scrupule à le menacer de la sorte. D’un geste rapide et mesuré, elle lui traça une deuxième estafilade, pas le moins du monde profonde, sur la joue, juste en dessous de celle causée par le bout de verre. Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres quand le sang perla, elle cueillit cette délicate perle du bout de sa petite langue rose, profitant encore un peu de sa peau et de tout ce qui pouvait s’en dégager. Même s’il commençait à de nouveau sentir l’alcool… Dommage, c’était peut-être ce seul rp de sa personnalité qu’elle n’appréciait pas beaucoup, faut dire que les odeurs comme ça ce n’était pas franchement ce qu’il y avait de plus agréable.

Adora : « Maintenant tu me dois de t’avoir sauvé la vie de moi-même, donc j’peux venir dès que je veux la réclamer, et à chaque fois tu pourrais me la redevoir. Beaucoup mieux non ? »

Elle lui pinça le bout du nez et se retourna vers le gros balourd assommé qui traînait dans l’entrée, elle devait vite le ramener au poste sinon il allait se réveiller et elle devrait lui courir après. Un truc chiant quoi.
Ne pas le caresser des yeux sinon elle allait vouloir le caresser de ses mains, ne pas se retourner où elle ne partirait jamais, ne pas parler, ne pas l’entendre, ne pas vouloir encore l’écouter soupirer. Juste l’ignorer, quand elle aurait franchi le pas de la porte, tout serait fini. Elle pourrait enfin se retourner. La belle évita les morceaux de verre au sol, il faudra qu’elle paye la chambre au passage. Quoique ce n’était même pas la peine, l’autre pirate s’en occuperait, ou alors ce serait un nouveau crime à ajouter à la liste de ceux qu’il avait faits. Rien de bien grave en somme. Elle hissa, tant bien que mal, le tas sur son épaule et le traîna.
Elle était si grande et si petite à la fois cette pièce, c’était dur de la traverser, mais une fois le seuil atteint, elle eut un arrêt, c’était quoi ce pas infranchissable soudainement ? C’était vraiment n’importe quoi, elle avait qu’à se casser et tout serait fini. Et il était là le nœud du problème, elle n’avait pas vraiment envie de se casser.

Ne pas se retourner avant de l’avoir franchi le seuil, c’était tout con, tout simple, elle ne reviendrait pas sur cette parole, une fois ce dernier dépassé, il n’y aurait plus rien du tout entre eux. Elle sentit quelque chose lui picoter l’œil, elle porta sa main à ce dernier pour y trouver quelque chose qui la surprit. Elle pleurait. Etonnement elle pleurait. Ça faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus pleuré.
Elle ne comprenait même pas pourquoi.
Bah, tant pis, ça devait être la fatigue, on pleure quand on est fatigué, c’est normal.

Elle se retourna, une fois correctement sortie, elle le pouvait maintenant non ? Elle le regratta un instant, elle avait oublié cette fichue larme qui commençait à la picoter désagréablement. Bah, au moins elle l’avait vu une dernière fois, dernière vision positive avant de retrouver ses joyeux collègues et de se faire reprendre pour un simple jouet, sans qu’on prenne conscience de ce qu’elle était derrière…
Tant pis.

Quand un moment important de votre vie se termine, il y a un sentiment de déprime qui a toujours tendance à s'installer dans votre âme. Lorsque le sergent-chef Hyou franchit la porte de la chambre après m'avoir une dernière fois embrassé, je me sentais triste. Nous étions liés par la dette que j'avais contractée envers elle et ce n'était pas pour me déplaire. Mais là, maintenant, elle venait de redevenir la marine que je devais fuir. Et j'étais redevenu le pirate libre de tout et de rien. Mon escapade à Winter Heaven allait devoir se terminer aussi vite qu'elle avait commencée. Aussi, je me dépêchai de finir de m'habiller. J'enfilai ma chemise en deux trois mouvements, attrapai mon fusil et la sacoche que je reliai une nouvelle fois à mon dos. Je respirai un grand coup en regardant une toute dernière fois la chambre qui nous avait lié l'espace d'un instant avec la belle demoiselle. Puis je sortis en courant de la chambre, déboulant dans le couloir dans lequel se situait encore la jolie fille, portant tant bien que mal son chef de gang sur le dos.

Je souris en m'élançant vers la sortie. Je n'étais que quelques mètres derrière elle et, en dehors de cette chambre notre accord implicite nous signifiait de ne plus se considérer comme en paix. Si je la croisais, elle ne me ferait pas de cadeau. Elle était mon ennemie. Mais tout cela je le savais pertinemment. Ce ne bloqua pas dans ce que je m'apprêtais à faire. Au contraire même. Car en effet, quand je croisai la belle demoiselle en me courant vers la sortie, je ne privai pas de mettre ma main sur ses fesses avant de lui voler un très court baiser, ce qu'elle ne put vraiment empêcher, le bonhomme sur son dos bloquant pas mal de ses mouvements. Je continuai alors de courir dans le couloir avant de me retourner vers elle avec un sourire vainqueur.

"Owh, désolé jeune demoiselle ! Mais je suis un hors-la-loi et je fais ce que je veux. Tu t'es fait embrasser par un pirate, ma fille ! LA RISEE DE LA MARINE ! CROAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA..."

Puis je me retournais en direction de la sortie, le sourire aux lèvres. Je lançais rapidement un signe au mec à l'accueil voulant me faire payer la chambre, lui indiquant que c'était la jolie brune derrière moi qui payait. Puis je sortais de l'établissement arrivant de nouveau là où tout avait commencé.

Winter Heaven. Il neigeait.

Je suis resté là à regarder le ciel quelques secondes. Un corbeau noir sous une étendue de blanc. Voilà ce que j'étais. J'étais la tâche impure qui se tenait encore sur cette île. Quelle belle journée. J'ai regardé autour de moi et sans vraiment savoir pourquoi, j'ai commencé à courir vers la forêt qui se situait juste en face. Il était temps de rejoindre Joe et Lion. Ces deux abrutis devaient m'attendre depuis un bon bout de temps déjà. Et c'est instinctivement que je commençais à reprendre le chemin du bateau. Depuis ma naissance et jusqu'à ma mort, Winter Heaven fut l'île la plus belle qui m'ait été donnée de visiter. Non pas parce qu'il y neigeait, non. Plusieurs fois après cela, je suis retourné sur des îles hivernales. Non, si Winter Heaven était la plus belle des îles c'est parce que j'y avais fait la plus belle des rencontres. La neige avait bercé ma fin de journée, m'amenant à rencontrer l'une des rares personnes que j'ai réussi à apprécier en dehors de l'équipage dans ma vie. Le sergent-chef Hyou... Alors que je courrais dans la neige, je savais déjà que j'allais la revoir. Encore et encore, et plus tôt que je ne le pensais. Nos destins étaient plus ou moins liés. D'après Gronchu, un type que je rencontrerais peu après cette escapade dans la neige, c'est parce que nos statuts de héros nous amenaient toujours l'un vers l'autre. Je n'ai jamais vraiment cru à ses conneries. Je crois simplement que c'est juste une succession de coup de bol. Et de quelques déboires. Mais autant ne pas vous raconter ça tout d'suite.

Je ne pensais plus vraiment à elle alors que je courais dans la neige. Je ne pensais qu'à ce qui m'arriverait encore et encore dans les jours, les semaines et les mois à venir. Depuis mon départ de chez moi, il m'était arrivé plus de trucs qu'en 29 ans de vie dans un bar. Et j'aimais ça. Je ne souhaitais qu'une chose : que ça continue. Alors j'allais droit devant moi pour rejoindre ceux avec qui je partageais désormais ma vie. Car oui, je suis un putain de membre d'équipage de Joe SmökE le squelette. Je suis même celui qui dit au bateau où aller. Et ça on ne me l'enlèverait pas. Est-ce que mes compagnons de route resteraient ma priorité jusqu'à la fin de ma vie? Je pense, oui. Car qu'on le veuille ou non, j'avais décidé d'être un pirate. Et j'aimais à penser que je resterais fidèle à mon capitaine. Mais il était fort probable que la dette que j'aimais devoir régler envers la jolie demoiselle changerait parfois ma vision des choses. A quel point? Je ne saurais vraiment vous le dire.

Au final, qu'avais-je fait aujourd'hui? J'avais d'abord réussi à crasher mon bateau contre une côte ensoleillé avant d'aller dans un hôtel pour le voir s'effondrer. J'étais ensuite parti marcher à la découverte de la neige sur la plus belle île de mes souvenirs avant de rencontrer Antoine Brichou. Puis je m'étais effondré au coin d'une maison avant d'être sauvé par la femme que je ne pouvais pas me permettre d'aimer. Est-ce que ça a un quelconque intérêt? Je n'en suis pas certain non.

Alors je courais dans la neige. Las d'être là. Je parcourais la forêt, le sourire aux lèvres. Quoiqu'on pense de moi, quoiqu'on dise sur ma petite personne, je suis ce que je suis et je l'assume. Aussi, en chemin, je saisissais la bouteille de bière pleine que j'avais dans ma sacoche et la décapsulai avec les dents, comme je savais si bien le faire. Et j'ai commencé à avaler ce liquide. Il ne m'avait pas manqué pendant le temps que j'avais passé avec le sergent-chef Hyou. Etrangement. Alors que maintenant, je n'avais qu'une envie, c'était de siffler la bouteille que je venais d'ouvrir. L'alcool... L'autre amour de ma vie. A ma propre surprise, lorsque j'aperçu la barque quelques minutes plus tard, après avoir parcouru la forêt, je me suis arrêté. Il ne me manquait qu'une vingtaine de mètres à parcourir entre mon embarcation et moi. Et je me suis retourné. J'inspirais une dernière fois l'air de Winter Heaven. Car je savais que je ne reverrais plus cette île. Plus jamais de ma vie. J'ai regardé la neige tomber. Puis j'ai commencé à reculer vers ce qui nous servait de bateau, à nous, les pirates de Joe SmökE. Pas à pas, les mètres qui me rattachaient encore à l'île s'effaçaient. Absolument tout ce qui s'était passé depuis que j'y avais posé le pied me défila devant les yeux et s'arrêta sur l'image du sergent-chef de dos, hésitante à franchir cette porte. J'ai failli m'arrêter pour tenter de la retrouver, pour lui demander pourquoi elle ne voulait pas partir, mais j'ai trébuché en arrière et suis tombé dans la barque. Sur Lion, plus exactement. J'avais quitté Winter Heaven pour retourner avec mes compagnons de voyage que le froid (ou autre chose <3) avait endormi.

Alors à quoi bon? Partons tant que le vent le veut bien.